Une fuite explosive au sein de Facebook aurait révélé le lobbying de la firme, qui consistait à cibler des dirigeants politiques mondiaux, afin d’influencer les législations sur le RGPD. Considérant cette loi, visant à protéger les données, comme étant une menace « critique » pour eux. Depuis quelque temps, la firme a de nombreux problèmes concernant les données personnelles, et a d’ailleurs récemment été mise en cause par une ONG pour non-respect du RGPD.

Cette campagne de lobbying visait de nombreux dirigeants politiques du monde entier, provenant d’Amérique, du Canada, du Royaume-Uni, d’Inde, du Brésil, de Malaisie, d’Argentine, du Vietnam ou encore des 28 pays membres de l’Union Européenne. Menée par Facebook, elle visait à influencer ces derniers afin de transgresser en toute impunité le RGPD pour en tirer profit. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a quelque temps, la firme avait intenté en justice Six4Three, pour avoir divulgué des documents confidentiels au Royaume-Uni. Même entreprise qui avait porté plainte à l’époque contre le réseau social. Petit problème, ces documents ont révélé plusieurs informations très compromettantes pour Facebook, qui en réalité discutait en interne de monétiser des données aux marques.

À présent, deux enquêtes menées par le Guardian et Computer Weekly publiées samedi, s’appuyant sur ces mêmes documents, dévoilent la stratégie mise en place par Facebook pour arriver à ses fins.

Suite au forum annuel de Davos en 2013, où Sheryl Sandberg, COO de Facebook avait utilisé les avantages liés à son poste pour influencer le Taoiseach (premier ministre irlandais), Enda Kenny. Ce dernier étant décrit comme « l’un des amis de Facebook ». Tout cela pour placer Billy Hawkes en tant que remplaçant de ce dernier dans un but purement stratégique. L’Irlande n’a d’ailleurs certainement pas été choisie au hasard. L’île d’émeraude a une influence sur les 28 États membres de l’Union européenne et leurs internautes. Beaucoup d’entreprises de la tech’ y vont par établir leur siège en raison de la fiscalité conciliante.

Enda Kenny considère le RGPD comme étant une « une menace pour les emplois, l’innovation et la croissance en Europe ». Il va même jusqu’à proposer d’utiliser « l’influence significative » dont dispose son pays, puisqu’il préside le Conseil de l’Union européenne. Afin de « jouer sur les décisions relatives à une directive européenne sur les données », et ce « bien que dans ce rôle l’Irlande soit techniquement supposée rester neutre ».

Ce cas présenté ici, n’est que la partie visible de l’iceberg en termes de pratiques douteuses déployées par Facebook pour gagner de l’influence. En effet, lorsque les canadiens ont hésité à fournir des données au réseau social, Sheryl Sandberg « a adopté une approche ferme », en leur faisant ouvertement du chantage, en leur infirmant que s’ils n’étaient pas d’accord pour fournir des données, ils iraient voir ailleurs. Qu’à cela ne tienne, puisque Mark Zuckerberg faisait lui aussi partie des 87 millions de personnes dont les données ont été volées en avril 2018. L’arroseur arrosé ?