En Irlande, la responsable de Facebook Sheryl Sandberg s’est personnellement attelée à la tâche d’influencer le Taoiseach (premier ministre) sur deux sujets clés : sa taxation, et la protection des données des utilisateurs. Grâce à un accès direct et privilégié entre Sheryl Sandberg et Enda Kenny, la COO du plus grand réseau social du monde a eu l’opportunité de faire son lobby lors de réunions à Davos ainsi qu’en Californie. Les deux protagonistes ont aussi correspondu par email et téléphone.

Pendant deux ans, depuis 2014, Sheryl Sandberg a utilisé les avantages que lui offre son poste chez Facebook pour tirer quelques ficelles.

Facebook et la protection des données.

Comme le révèle le journal irlandais the Irish Independent, Sheryl Sandberg a influencé sur la décision du remplaçant de Billy Hawkes. Ce dernier est le responsable de la commission de protection des données en Irlande. Avec de nombreux géants de la technologie et du web basés sur l’île d’émeraude autant vous dire que ce poste a un impact européen et presque mondial avec la protection de 990 millions d’internautes.

Le poste occupé par Billy Hawkes est donc hautement stratégique pour Facebook. C’est d’autant plus vrai lorsqu’on sait qu’il a tenu un rôle important lorsque le réseau social a été accusé de transférer des données personnelles à la NSA. Le responsable de la commission de protection des données avait alors refusé d’ouvrir une enquête. Cette décision s’étant bien entendu déroulée pendant la période d’influence de la COO de Facebook sur le premier ministre irlandais.

Dans les documents récupérés, Sheryl Sandberg s’est montrée inquiète et semble vouloir ‘s’assurer que le successeur qui prendra la tête de la commission sera ‘aussi fort’ que Hawkes l’a été’.

Facebook lobby irlande

Sheryl Sandberg, COO de Facebook et Enda Kenny premier ministre irlandais.

Une obligation fiscale qui pourrait couter cher.

Au-delà de la protection des données, Facebook pourrait se voir facturer une obligation fiscale record. Depuis 2014, l’Internal Revenue Service (IRS, service des impôts américain) a évalué que les opérations de Facebook en Irlande présentaient 5 milliards de dollars non-versés.

Le premier échange entre Sheryl Sandberg et le Taoiseach au sujet des impôts européens remonte au forum de Davos en janvier 2014. Quelques jours après leur entretien, la COO de Facebook a écrit au premier ministre irlandais pour l’alerter sur la façon dont les taxations ou les lois sur la protection des données pourraient pousser Facebook à considérer ‘différentes options pour ses futurs investissements et sa croissance en Europe’.

Pendant un autre entretien au siège de Facebook, les deux protagonistes ont aussi échangé sur le besoin de la mise en place d’un organisme de régulation sur l’Union Européenne. S’en est ensuite suivi un nouvel email précisant qu’il est « important d’avoir un unique organisme, que ce soit sur la vie privée, ou sur les impôts, pour permettre de créer du business au bénéfice des consommateurs européens. »

Derrière tout cela, l’idée est que l’Irlande reste une terre d’accueil pour ces géants, en faisant un barrage fiscal entre les US d’un côté et le reste de l’Europe de l’autre. Sous la pression de ce genre de lobby le bénéfice n’est clairement pas tourné vers les internautes européens, mais surtout sur la prospérité de ces entités. Si le lobbying est en train de devenir un sport européen, l’Irlande est plus que sous pression. Son économie repose principalement sur l’installation des ‘tech giants’ sur son territoire et la façon dont ils prospèrent.

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