Steven Mnuchin est l’un des fidèles de Donald Trump. Il a été son secrétaire au Trésor durant l’ensemble de son mandat. C’est depuis ce poste qu’il a supervisé la tentative de l’administration républicaine de forcer ByteDance à revendre TikTok US, en 2020. Revenu aux affaires, il a déclaré jeudi être prêt à racheter le réseau social d’origine chinoise.

Quand la politique et les affaires font bon ménage

L’interdiction ou la revente de TikTok aux États-Unis est loin d’être acquise, malgré le vote d’une loi allant en ce sens par la Chambre des représentants le 13 mars. La position du Sénat est plus prudente et des questions de constitutionnalité pourraient poser problème. Il n’empêche, la pépite de ByteDance suscite déjà de l’intérêt.

Bobby Kotick, ancien PDG d’Activision Blizzard serait entré en contact avec la direction de la société pékinoise, d’après les informations du Wall Street Journal. Steven Mnuchin lui s’est affiché publiquement. Sur CNBC il a estimé que la loi « Protecting Americans from Foreign Adversary Controlled Applications » devrait passer avant de déclarer « C’est une excellente affaire, je vais constituer un groupe pour acheter TikTok ».

Il a ajouté « Ce sont des entreprises américaines qui devraient en être les propriétaires. Les Chinois ne laisseraient jamais une entreprise américaine posséder quelque chose de ce genre en Chine ».

L’ancien secrétaire au Trésor a fondé et dirige un fonds d’investissement dans le domaine de la technologie, Liberty Strategic Capital. Il est notamment soutenu par l’Arabie saoudite et Softbank, également détenteur de part de ByteDance. Cette dernière est valorisée, selon les estimations, entre 220 et 260 milliards de dollars. Bloomberg a évalué la valeur de TikTok US entre 35 et 40 milliards de dollars.

Steven Mnuchin connaît particulièrement bien le dossier. Du fait de son ancien poste au sein de l’administration Trump, il a supervisé le Comité sur les investissements étrangers aux États-Unis (Cfius). Dans ce cadre il a pu être au premier plan lorsque Microsoft et Oracle ont tenté de reprendre TikTok que Donald Trump voulait séparer de la Chine.

Depuis 2020 l’application est accusée d’être une menace pour la sécurité nationale des États-Unis. Les autorités craignent que Pékin ait accès aux données des quelque 170 millions d’utilisateurs américains. Ils accusent aussi l’algorithme du réseau social d’avoir un impact négatif sur les plus jeunes.

Le sort de TikTok aux États-Unis est encore loin d’être scellé

Ces accusations ont toujours été contestées par TikTok. La société a engagé un vaste plan à 1,5 milliard de dollars, le projet Texas, pour localiser les données de ses utilisateurs américains aux États-Unis, sous la supervision de son partenaire Oracle. Il ne semble pas avoir convaincu l’administration démocrate qui à son tour semble encline à forcer la vente de TikTok ou à défaut l’interdire. Les dernières déclarations de Joe Biden l’attestent.

Pour que ByteDance cède TikTok, il faudra encore que Pékin accepte. La Chine a le pouvoir de l’empêcher, en vertu de ses règles de contrôle à l’export. L’algorithme du réseau social, ce qui fait sa valeur pourrait tomber sous le coup de ces règlements. La diplomatie chinoise a dénoncé récemment la « pure logique de voleur » des États-Unis.

Steven Mnuchin affiche de la sérénité malgré tous les obstacles qui se dressent sur le chemin d’un éventuel rachat. Il juge que la Chine acceptera sans transfert de technologie. Il a aussi estimé que son ancien patron, étonnement réticent à l’idée de la disparition de TikTok, soutiendra son rachat par une entreprise américaine.