Pour la première fois, la Chambre des représentants a voté en faveur d’une interdiction de TikTok aux États-Unis. Si la loi doit encore passer une étape cruciale pour une potentielle entrée en vigueur, cet événement marque une nouvelle escalade dans les tensions sino-américaines.

Une grande majorité pour l’interdiction

Ce mercredi 13 mars, les représentants américains ont approuvé la législation à 352 voix contre 65. Le soutien pour le texte s’avère considérable et bipartisan, fait rare pour être noté en pleine période électorale. Les élus craignent le lien entre ByteDance, la maison mère de TikTok, et le Parti communiste chinois, notamment en raison d’une loi en vigueur en Empire du Milieu obligeant toutes les entreprises à partager leurs données avec Pékin.

« Voulons-nous que la plateforme TikTok soit détenue par une société américaine ou par la Chine ? Voulons-nous que les données de TikTok – celles des enfants, celles des adultes – restent ici en Amérique ou aillent en Chine ? », interroge Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président Joe Biden. La loi donnerait six mois à ByteDance pour revendre TikTok à une entité américaine, sous peine d’interdiction pure et simple dans le pays.

Pourtant, l’application chinoise a mené une importante contre-offensive, estimant que le texte violait directement le premier amendement de la constitution américaine. Son PDG, Shou Zi Chew, s’est rendu ce mardi au Capitole, siège du pouvoir législatif, pour faire pression sur les députés. Il était accompagné de créateurs populaires sur la plateforme, qui luttent eux aussi contre ce projet de loi.

Il n’est pas garanti que le Sénat ira dans le même sens que la Chambre des représentants. Certains sénateurs ont promis de combattre le texte. Les démocrates progressistes et les républicains libertariens se disent, eux, contre la législation, à l’instar de Donald Trump. Comme l’indique le New York Times, il est cependant possible que l’immense soutien obtenu à la Chambre influe sur la seconde assemblée. Joe Biden a fait savoir qu’il signerait la loi si elle était validée par les législateurs.

Au cœur des tensions sino-américaines

Au cœur des tensions entre la Chine et les États-Unis sur le contrôle des technologies, TikTok est sur la sellette dans le pays depuis 2020. Mais les tentatives pour l’interdire ont jusqu’alors échoué. Si le Sénat donne son aval, cela marquerait sans doute une nouvelle escalade du conflit entre les deux premières puissances mondiales. Pékin a toujours balayé de la main l’idée d’une vente forcée.

Outre la vente, ByteDance pourrait envisager d’autres options, comme la scission de TikTok par le biais d’une introduction en Bourse. À noter que la loi pourrait aussi faire l’objet de contestations juridiques. « Nous espérons que le Sénat examinera les faits, écoutera ses électeurs et se rendra compte de l’impact sur l’économie – sept millions de petites entreprises – et sur les 170 millions d’Américains qui utilisent nos services », a réagi un porte-parole de TikTok.