Le serpent de mer du bannissement de TikTok refait surface aux États-Unis. Un texte de loi allant dans ce sens doit être voté au cours de la semaine par la Chambre des représentants. Alors que l’élection présidentielle commence dans le pays, le président en place, Joe Biden, a déclaré le 8 mars qu’il validerait la loi si elle est votée.

Une base juridique plus solide pour détacher TikTok de ByteDance

« S’ils l’adoptent, je la signerai », a lâché le président démocrate à quelques journalistes vendredi dernier. La veille, la commission de l’Énergie et du Commerce de la Chambre des représentants a voté à l’unanimité, 50 voix contre 0, en faveur du texte auquel Joe Biden fait référence, « Protecting Americans from Foreign Adversary Controlled Applications Act » (Loi sur la protection des Américains contre les applications contrôlées par des adversaires étrangers).

La loi dispose que, si elle est adoptée, TikTok US aura six mois pour se séparer de sa maison mère chinoise ByteDance, sous peine de disparaître des boutiques d’applications. Républicains et démocrates ont voté d’une seule voix, après une intervention discrète de l’administration démocrate.

Reuters révèle qu’avant le vote, le département de la Justice (DOJ) a fait parvenir un document en parti confidentiel. Il résume les problèmes de sécurité nationale reprochés à TikTok, principalement que les données de ses 170 millions d’utilisateurs américains pourraient se retrouver entre les mains de Pékin. Le DOJ a aussi suggéré que laisser la possibilité d’un désinvestissement de ByteDance rendrait le texte plus solide juridiquement.

Le vote de la commission autorise le passage devant l’ensemble de la Chambre dans la semaine. Son président, le républicain Mike Johnson, soutient la mesure. Cela ne signifie pas pour autant que la loi aboutira rapidement : le sénat devra également adopter un texte similaire. TikTok, de son côté, ne ménage pas ses efforts pour inverser la tendance.

Depuis des années l’application, au travers du projet Texas, tente de rassurer les autorités américaines. Le plan prévoit de localiser aux États-Unis et sous-traiter la gestion des données de ses utilisateurs à une entreprise locale. Alors que Joe Biden avait interrompu les tentatives de son prédécesseur Donald Trump pour interdire ou forcer la vente de l’application, son administration est restée sceptique sur les efforts de TikTok.

Des contradictions électoralistes ?

Paradoxalement, c’est de Donald Trump que pourrait venir le salut du réseau social. Quasi investi candidat républicain pour les présidentielles de novembre, il s’est dit opposé à une potentielle disparition de TikTok, « Si vous vous débarrassez de TikTok, Facebook et Zuckershmuck doubleront leur activité ». L’ancien président, fondateur de sa propre plateforme Truth Social, reste amer de la suspension de ses comptes Meta après l’assaut du Capitole par ses partisans en janvier 2021.

CNBC souligne également que Joe Biden vient tout juste d’ouvrir son propre compte TikTok. Il compte plus de 220 000 abonnés depuis la mi-février. La plateforme est mobilisée pour permettre au président de 81 ans de toucher un électorat plus jeune.