Les semi-conducteurs sont devenus, depuis octobre 2022, le premier secteur d’actions des États-Unis pour limiter les progrès technologiques de la Chine. Ils ont réussi, avec plus ou moins de difficultés, à embarquer le Japon et le Pays-Bas dans cette affaire. Cela semble ne pas suffire à Washington.

Les semi-conducteurs, « silicium de lance » de Washington face à la Chine

Les semi-conducteurs donneraient beaucoup de travail à la diplomatie américaine. Selon les sources de Bloomberg, des discussions seraient en cours pour convaincre les Pays-Bas et le Japon de renforcer leurs restrictions à l’export vers la Chine. Des contacts existeraient également en ce sens avec l’Allemagne et la Corée du Sud. Depuis l’automne 2023, lorsque Huawei est parvenu avec son partenaire SMIC, à fabriquer des puces avancées, Washington est inquiet.

En janvier 2023, La Haye et Tokyo ont annoncé un accord avec les États-Unis pour limiter les exportations de machines de fabrication de semi-conducteurs avancés vers la Chine. Les deux pays, avec notamment ASML et Tokyo Electron, disposent de deux entreprises leaders du marché.

L’accord avait donné lieu à certaines résistances, en particulier aux Pays-Bas. Il semble que l’accueil ne soit pas meilleur pour cette nouvelle initiative américaine. Les deux pays souhaiteraient observer les effets des mesures déjà prises avant d’aller plus loin. La Haye escompte aussi une plus forte concertation avec ses partenaires de l’Union européenne avant de suivre les États-Unis.

Au Japon, la question aurait été abordée lors d’un déplacement dans l’archipel d’officiel du département du Commerce. Les États-Unis demandent des mesures sur l’export de produits chimiques utilisés au cours du processus de fabrication des semi-conducteurs. Deux sociétés, Shin-Etsu Chemical et Tokyo Ohka Kogyo sont mentionnés par Bloomberg.

Côté néerlandais, il est question de l’incontournable ASML. L’expédition de trois modèles de machines de lithographie à immersion ultraviolette profonde (DUV) est désormais limitée. Cependant les clients chinois en ont commandé en masse avant l’interdiction. Washington trouve les Pays-Bas trop laxistes sur les licences accordées à ASML pour assurer l’entretien et la réparation des appareils.

Les nouveaux venus

L’Allemagne et la Corée du Sud sont les deux nouveaux pays visés par le lobbying américain. Pour la première puissance économique européenne, il s’agirait de bloquer l’export de composant optique de l’entreprise Carl Zeiss, un fournisseur d’ASML. Les Pays-Bas verraient cela d’un bon œil. Un accord est recherché avant le prochain G7, en juin. La Corée du Sud est un grand partenaire commercial de la Chine ainsi qu’un champion mondial des puces : une cible diplomatique prioritaire.

Les États-Unis auraient proposé à l’Allemagne et à la Corée du Sud de rejoindre l’accord avec les Pays-Bas et le Japon. Ce n’est pas la première tentative pour embarquer Séoul dans ce type d’arrangement. En mars 2022, l’alliance Chip 4, associant Japon, Corée du Sud, Taïwan et États-Unis a été proclamée par l’administration Biden. Elle n’a plus été beaucoup évoquée depuis. Peut-être que cette nouvelle initiative connaîtra un destin plus favorable.