Devant le Sénat, Gérald Darmanin est revenu ce mardi sur la hausse des contenus signalés sur la plateforme Pharos. D’après le ministre de l’intérieur, ces résultats s’expliquent en grande partie par la prolifération de publications antisémites sur les réseaux sociaux.

Pharos, indicateur phare en matière de cyberharcèlement

En 2023, Pharos a reçu 211 543 signalements, contre 175 924 en 2022. Un chiffre loin du record puisque celui-ci avait été atteint en 2020, durant la pandémie de Covid-19, avec 289 590 signalements. Une majorité d’entre eux concernent « du contenu pédophile ou d’atteinte aux enfants » a déclaré Gérald Darmanin, avant d’ajouter que ceux en lien avec l’apologie du terrorisme sont « en fait assez peu nombreux ». Toutefois, le ministre de l’intérieur s’est davantage penché sur le cas des contenus antisémites, qui selon lui sont à 90 % responsables de cette hausse de signalements.

L’an dernier, plus de 12 000 signalements pour antisémitisme ont été réalisés. La plupart d’entre eux ont un lien avec la guerre Israël-Hamas. Il s’agit d’une année « particulièrement dramatique avec une augmentation qui n’a pas d’équivalent » a insisté le ministre de l’intérieur. En tout, 1 676 actes antisémites ont été avérés, ce qui constitue une hausse de 284 % en un an.

Gérald Darmanin a tout particulièrement ciblé X, anciennement Twitter, réseau social où se trouveraient « 75 % des contenus apologétiques ou antisémites ». Le ministre a souligné le manque d’efforts de modération sur la plateforme depuis qu’elle appartient à Elon Musk. Une modération jugée catastrophique par la Commission européenne qui a décidé d’ouvrir une enquête en vertu du Digital Services Act, et pouvant aboutir à une sanction pour X.

Enfin, Gérald Darmanin est revenu sur les actes antichrétiens et antimusulmans sur internet. Pour la première catégorie, une baisse de 7 % est à souligner, avec 854 actes malveillants enregistrés. Concernant les actes antimusulmans, ils ont bondi de 29 %, à 242. Bien que le nombre soit plus modeste à côté des actes antichrétiens, le ministre de l’intérieur a précisé qu’il existait « un continent caché aussi d’actes antimusulmans qui sont souvent l’œuvre de militants d’ultradroite ».

Parallèlement à la présentation de ces chiffres, le ministre a déploré l’absence d’une entité équivalente à l’Arcom pour les réseaux sociaux. Si depuis 2009, les internautes français ont la possibilité de signaler des contenus et des comportements illicites, permettant d’aider les forces de l’ordre dans leurs actions en ligne, aucune autorité de régulation n’a pour mission première d’endiguer, voire d’éradiquer le cyberharcèlement et les contenus illicites sur le Net.