Instagram veut renforcer la sécurité de ses utilisateurs mineurs et les protéger du chantage sexuel faisant des ravages sur l’application. Meta fait l’objet de critiques de plus en plus véhémentes de la part des régulateurs concernant les dangers de ses plateformes pour les plus jeunes.

Plusieurs mesures pour prévenir l’envoi de photos dénudées

Le réseau social va déployer plusieurs fonctionnalités visant à empêcher les mineurs de recevoir et d’envoyer des « nudes », c’est-à-dire des photographies dénudées parfois envoyées sans sollicitation préalable.

La démarche de l’entreprise vise principalement à lutter contre le chantage sexuel. Selon le National Center for Missing and Exploited Children, plus de 20 000 cas avaient été signalés à la fin de l’année 2023. Les prédateurs prennent majoritairement les adolescents pour cible en obtenant des photos dénudées de ces derniers, puis exigent d’importantes sommes d’argent pour ne pas les divulguer. Ce chantage a joué un rôle dans au moins vingt suicides d’adolescents, a indiqué le Federal Bureau of Investigation (FBI).

Instagram a déjà mis des mesures en place pour protéger les plus jeunes, notamment en empêchant les adultes de contacter des mineurs, ou en restreignant leur accès à du contenu sensible comme l’automutilation ou les troubles alimentaires.

Désormais, Les utilisateurs d’Instagram qui reçoivent des « nudes » via la messagerie directe verront apparaître une fenêtre contextuelle expliquant comment bloquer l’expéditeur ou signaler la conversation. Une note encouragera en outre le destinataire à ne pas se sentir obligé de répondre, détaille la société dans un billet de blog. Les personnes tentant d’envoyer ce type d’images seront quant à elles invitées à la prudence et recevront un message leur rappelant qu’elles peuvent annuler l’envoi d’une photo.

La nouvelle fonctionnalité, qui sera testée dans les semaines à venir et devrait être déployée dans le monde entier au cours des prochains mois, sera activée par défaut pour les comptes dont la date de naissance correspond à celle d’un adolescent. Les adultes, eux, seront incités à l’activer.

Exemples des fonctionnalités pour lutter contre les nudes sur Instagram.

Image : Meta.

La pression est de plus en plus forte vis-à-vis de Meta

Ces annonces interviennent dans un contexte tendu pour Meta, accusée de ne pas suffisamment protéger les mineurs, particulièrement sur Instagram. L’impact des réseaux sociaux sur la santé des jeunes inquiète les autorités américaines, notamment depuis les révélations de la lanceuse d’alerte Frances Haugen en 2021. Elle a mis au jour des documents prouvant que Meta savait pertinemment qu’Instagram et Facebook affectaient la santé mentale des adolescents, mais préférait l’ignorer et le cacher.

L’année dernière, une coalition bipartisane de 33 États a déposé une plainte fédérale à l’encontre de la firme de Mark Zuckerberg, accusée d’avoir délibérément conçu ses plateformes avec des fonctions addictives nuisant aux jeunes utilisateurs. Pour sa part, l’État de la Floride a récemment voté une loi interdisant aux mineurs de moins de 14 ans de détenir un compte sur les réseaux sociaux.

L’Union européenne mène aussi l’enquête. Sa branche exécutive a fait parvenir une demande d’informations à Meta, afin de déterminer si l’entreprise protège suffisamment les mineurs, une obligation en vertu du Digital Services Act (DSA).