La Floride a adopté une loi visant à drastiquement limiter l’usage des réseaux sociaux chez les adolescents. Aux États-Unis, de plus en plus de voix s’élèvent pour alerter sur les effets néfastes de ces plateformes sur la santé mentale des plus jeunes.

Des inquiétudes pour la santé mentale des adolescents

Le gouverneur républicain de l’État, Ron DeSantis, a signé ce 25 mars une loi prohibant les enfants de moins de 14 ans de détenir un compte sur les réseaux sociaux. Si aucune plateforme spécifique n’est citée dans le texte, il cible les services dotés de fonctionnalités comme les notifications et les vidéos en lecture automatique qui encouragent le visionnage compulsif.

« Les réseaux sociaux nuisent aux enfants de diverses manières », a alerté le gouverneur dans un communiqué, expliquant que le nouveau projet de loi « donne aux parents une plus grande capacité à protéger leurs enfants ». À partir du 1er janvier 2025, les réseaux sociaux seront tenus de supprimer les comptes détenus par des mineurs de moins de 14 ans.

Les jeunes âgés de 14 ou 15 ans pourront détenir un compte, mais uniquement avec le consentement de leurs parents. Si un compte appartenant à un adolescent de cet âge n’obtient pas l’aval d’un parent ou d’un tuteur, la plateforme sera contrainte de le retirer.

L’impact des réseaux sociaux sur la santé des jeunes fait l’objet de nombreuses critiques outre-Atlantique, notamment depuis les révélations de la lanceuse d’alerte Frances Haugen en 2021. Elle a dévoilé des documents prouvant que Meta savait pertinemment qu’Instagram et Facebook affectaient la santé mentale des adolescents, mais préférait l’ignorer.

L’année dernière, une coalition bipartisane de 33 États a déposé une plainte fédérale à l’encontre de la firme de Mark Zuckerberg, accusée d’avoir délibérément conçu ses plateformes avec des fonctions addictives nuisant aux jeunes utilisateurs.

Une campagne de lobbying déjà en place

Dans plusieurs autres États américains, des législations moins offensives souhaitant limiter l’usage des réseaux sociaux pour les mineurs ont été révoquées. Les plateformes s’engagent dans d’importantes campagnes de lobbying pour changer l’avis des législateurs, notamment au travers de NetChoice, une association dont les membres comprennent Meta, TikTok et Snapchat.

D’ailleurs, l’organisation est déjà montée au créneau dans le cas de la Floride. Carl Szabo, son vice-président et conseiller général de NetChoice, estime que les exigences en matière de vérification de l’âge du texte mettent en péril la vie privée des habitants de l’État. Selon lui, il est en contradiction directe avec le premier amendement, défendant la liberté d’expression.

Paul Renner, président républicain de la Chambre des représentants de Floride, a fait savoir que la loi serait contestée en justice. Il se dit toutefois convaincu de sa légalité.

Instagram, Facebook ou encore TikTok interdisent déjà l’usage de leurs services aux mineurs de moins de 13 ans. Les régulateurs estiment cependant que leurs mesures sont inefficaces car elles facilement être contournées, en fournissant simplement de fausses dates de naissance.