Ce mardi 24 octobre, une coalition bipartisane de 33 procureurs généraux a déposé une plainte fédérale contre Meta. L’entreprise est accusée d’avoir délibérément conçu Instagram et Facebook avec des fonctions addictives nuisant aux jeunes utilisateurs.

Meta ciblerait délibérément les jeunes avec des « caractéristiques manipulatrices »

Cette action en justice intervient après une enquête de plusieurs années, qui a mené à des négociations avec Meta pour que l’entreprise reconnaisse les risques présumés de ses produits et les restreigne. Ces discussions n’ont pas abouti.

« Les enfants et les adolescents souffrent d’un niveau record de mauvaise santé mentale et les réseaux sociaux comme Meta sont à blâmer. Meta a profité de la douleur des enfants en concevant intentionnellement ses plateformes avec des caractéristiques manipulatrices qui les rendent dépendants tout en diminuant leur estime de soi », a dénoncé Letitia James, procureur démocrate de l’État de New York.

Les plaignants affirment que le géant des réseaux sociaux est au courant de la nocivité de ses plateformes pour les jeunes, mais n’agit pas pour les en préserver. Selon eux, les nombreuses fonctionnalités déployées par Meta pour protéger ses jeunes utilisateurs ne constituent qu’une action de façade sans aucun réel impact, la firme privilégiant les profits.

Les procureurs se basent notamment sur les révélations de la lanceuse d’alerte Frances Haugen. Cette ancienne employée de l’entreprise dévoilait, en 2021, que Meta savait pertinemment qu’Instagram et Facebook affectaient la santé mentale des adolescents, mais préférait l’ignorer.

Républicains et démocrates font front

Qualifiant l’affaire de champ de bataille vital pour la santé mentale des adolescents, les procureurs ont souligné la nature bipartisane de leur effort, alors que la polarisation de la vie politique est sans précédent aux États-Unis, atteignant les niveaux de « la guerre de Sécession ». Ce n’est pas la première fois que démocrates et républicains s’allient pour faire tomber Meta. En 2020, 48 procureurs généraux ont déposé plainte contre l’entreprise pour abus de position dominante. Cette affaire est encore en cours.

« Le fait que tous les procureurs généraux des deux partis, des gens qui sont souvent en désaccord de manière très vocale et très publique, s’unissent et aillent dans la même direction, est très parlant », a noté Jonathan Skrmetti, procureur général républicain du Tennessee.

Les 33 États exigent que Meta cesse les pratiques incriminées, ainsi que l’imposition d’amendes civiles pour chaque violation présumée. En parallèle, ils enquêtent sur d’autres réseaux sociaux majeurs comme TikTok et leur impact sur la santé mentale des jeunes. Pour sa part, la firme de Mark Zuckerberg rappelle avoir mis en place plus de 30 outils « pour soutenir les adolescents et leurs familles ».

Elle se dit « déçue qu’au lieu de travailler de manière productive avec les entreprises du secteur pour créer des normes claires et adaptées à l’âge pour les nombreuses applications utilisées par les adolescents, les procureurs généraux aient choisi cette voie ».