Une équipe de chercheuses et chercheurs du MIT a publié une étude le 22 janvier selon laquelle le remplacement d’employés humain par l’IA n’est pas intéressant économiquement, dans une majorité de cas. La situation pourrait progressivement évoluer dans les années à venir si le coût de la technologie baisse.
Pour beaucoup d’entreprises, l’IA n’est pas encore intéressante
C’est la grande crainte des salariés à travers le monde que leur emploi soit remplacé par une intelligence artificielle. Une étude de Boston Consulting Group diffusée au printemps montrait que 42 % des Français craignaient pour leur poste. Des travaux récents du Fonds monétaire international vont dans ce sens, estimant que 40 % à 60 % des emplois pourraient être affectés. L’OCDE a aussi partagé ses inquiétudes.
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L’équipe du MIT FutureTech vient nuancer ce pessimisme alimenté par le succès de ChatGPT. Les chercheurs estiment que « Avec la technologie actuelle, bon nombre de ces systèmes [ndlr : vision par ordinateur] ne sont pas intéressants à adopter pour les entreprises ». Pour 77 % des tâches, un humain est plus efficace.
D’après l’étude, l’IA est actuellement trop chère à développer et à maintenir face aux coûts du travail. « Même avec une baisse annuelle des coûts de 50 %, il faudra attendre 2026 avant que la moitié des tâches de vision aient un avantage économique », explique l’article. La plupart des entreprises américaines sont trop petites pour supporter le prix d’une IA, cela se traduit par une position encore relativement attentiste des sociétés.
Les auteurs jugent que les études précédentes sur la capacité de l’IA à remplacer les salariés ne prennent pas suffisamment en compte les critères de difficultés techniques, de viabilité économique ou de complémentarité homme-machine. Elles se contenteraient de s’appuyer sur la similarité des tâches.
Pour y remédier, les auteurs se sont appuyés sur la littérature scientifique évaluant le coût d’un système IA mêlé à une base de données du département du Travail comptabilisant les professions et tâches. Ils ont également envoyé des questionnaires aux professionnels pour qu’ils évaluent ce qui est automatisable dans leur travail. L’article se concentre sur un type d’IA particulier, la vision par ordinateur. Les chercheurs argumentent que les coûts sont mieux connus dans ce domaine. Ils ajoutent, avec les précautions d’usages, que leurs résultats peuvent être éclairants pour les autres types de modèles.
Des emplois disparaîtront, mais progressivement
Pour que la situation change, il faudra donc que le coût des IA baisse drastiquement. Beaucoup d’entreprises de puces cherchent par exemple à baisser la consommation des composants, une part non négligeable du prix de fonctionnement. Les chercheurs pointent également qu’une politique agressive d’IA as a Service, une plateformisation de la technologie, serait à même de la rentabiliser. Même dans ce cas cela prendra du temps.
Les scientifiques notent que « les suppressions d’emplois dans le domaine de l’IA seront substantielles ». Toutefois le phénomène devrait être progressif, à l’image d’autres révolutions industrielles dans l’histoire. Ils pronostiquent que cette latence laissera le temps à « des décisions politiques et de reconversion pour atténuer la hausse du chômage ».