Si 2021 et 2022 étaient les années de tous les records en matière de levées de fonds, 2023 est incontestablement celle de la dégringolade. Selon le rapport publié par Atomico ce mardi, les start-up européennes ont accumulé 42 milliards de dollars de financement, une somme moindre à côté des 85 milliards de dollars levés par les jeunes pousses du Vieux Continent lors de l’exercice précédent.
Un contexte économique compliqué qui freine les investisseurs
Le ralentissement des investissements dans le secteur de la tech est en partie dû à la hausse des taux d’intérêt, des coûts de l’énergie, et de l’inflation, induite de la guerre en Ukraine. Si cela fait plus d’un an et demi que le conflit russo-ukrainien a débuté, les difficultés économiques qui en découlent, persistent. Ainsi, les investisseurs ont cherché à être plus prudents dans leurs placements, cherchant à injecter leurs capitaux dans des structures qui se démarquent des autres. De leur côté, les jeunes entreprises en phase de développement ont retardé leurs levées de fonds, se penchant sur l’obtention de brevets ou directement une IPO, espérant que la situation économique et les tensions géopolitiques se calment d’ici là.
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Selon Tom Wehmeier, associé chez Atomico, « certaines des start-up qui ont levé des sommes importantes en 2021 et au début de l’année 2022 pour atteindre une valorisation d’un milliard de dollars verront leur valorisation chuter en dessous de la barre du milliard de dollars cette année ». En 2023, seules 7 licornes européennes ont vu le jour, aucune en France, contre 48 en 2022 et 108 en 2021. L’analyste s’attend à ce que phénomène s’accentue l’année prochaine.
Malgré une baisse des financements de près de 55 %, les levées de fonds en Europe sont 18 % plus conséquentes qu’en 2020. À titre de comparaison, les start-up basées aux États-Unis et en Chine sont revenues à des niveaux plus bas en obtenant moins de fonds qu’au début de la décennie. À noter également, la baisse du ratio des investissements de plus de 100 millions de dollars par rapport à ceux de moins de 100 millions de dollars, bien plus nombreux désormais.
Des start-up européennes qui peuvent compter sur les talents étrangers
Même si les financements ont chuté en 2023, le nombre de salariés dans les start-up européennes continue de grimper. Les pays où les jeunes pousses lèvent le plus d’argent restent les plus attractifs. C’est le cas de la France qui représente 12 % des nouvelles embauches dans le secteur de la tech, avec une croissance nette de 38 000 emplois en 2023, pour un total de 330 000 salariés.
Plus globalement, le Vieux Continent séduit les talents venus de l’étranger. Davantage de talents quittent les États-Unis pour travailler dans une entreprise technologique européenne, et non américaine. En tout, 20 900 talents ont quitté l’Europe, alors que 30 500 talents étrangers, dont 8 400 Américains ont fait leur arrivée sur le sol européen.
Enfin, parmi les secteurs privilégiés par ces talents, ceux en lien avec le développement durable, le climat, la santé, la logistique, et l’intelligence artificielle. Concernant ce dernier domaine, bien que les start-up issues de l’IA ne constituent pas le principal intérêt des investisseurs, Atomica souligne « leur impact démesuré sur les flux de travail, le discours réglementaire et la société dans son ensemble ». À tel point que les investissements dans l’IA générative ont tout de même connu une hausse contrairement à la majorité des secteurs.