Le groupe Altice va vendre 70 % de son parc français de centres de données et bureaux affiliés, à Morgan Stanley Infrastructure Partners, la branche capital-investissement de la banque américaine. Pour Patrick Drahi, le PDG d’Altice, cette opération constitue un pas de plus vers le désendettement de son groupe.
Une coentreprise qui convient aux deux parties
En septembre dernier, l’intérêt de Morgan Stanley pour récupérer les centres de données d’Altice était annoncé. Cet intérêt s’est finalement concrétisé. Initialement valorisées à près d’un milliard d’euros, les deux entreprises se sont entendues sur une valorisation de 764 milliards d’euros. Une fois la transaction conclue, les deux parties prenantes vont créer une coentreprise permettant de gérer ce parc de data centers.
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Baptisée UltraEdge, cette joint-venture sera détenue à 70 % par Morgan Stanley Infrastructure Partners, les 30 % seront conservés par SFR, l’opérateur français détenu par Altice. Cette nouvelle entité possédera et s’occupera de 257 centres de données et bureaux. Avec cette opération, Altice devrait récupérer un peu plus de 500 millions d’euros de liquidités.
À moyen terme, UltraEdge a pour objectif d’étoffer son parc en construisant de nouvelles fermes de serveurs. En 2023, les bénéfices avant intérêts, impôts et amortissements de ses data centers étaient de 23 millions d’euros. D’ici la fin de la décennie, Altice espère que l’entité qu’elle détient à 30 % générera au moins 175 millions d’euros de revenus annuels. Cela lui permettrait d’avoir une rentrée d’argent supplémentaire afin de rembourser ses dettes, qui s’élèvent à 60 milliards d’euros, dont 23,8 milliards d’euros pour SFR.
Pour sauver le soldat Altice, Patrick Drahi se démène
Pour générer un maximum de liquidités, Patrick Drahi compte sur la vente de ses actifs les moins rentables. Outre la vente de ses activités en lien avec ses centres de données français, il souhaite se séparer de sa filiale en République dominicaine, mais aussi de Teads, une entreprise spécialisée dans la vidéo publicitaire, et de Meo, l’opérateur portugais, leader du marché mobile dans le pays.
Initialement réticent, Patrick Drahi pourrait même vendre une part du capital de SFR, sans forcément perdre son actionnariat majoritaire. Les fonds d’investissement Cinven et Carlyle, connus pour avoir conclu certaines opérations financières avec Patrick Drahi par le passé, se seraient montrés intéressés il y a quelques semaines.
Une autre possibilité serait de voir l’un des trois opérateurs français passer à l’action. Néanmoins, une telle opération risque d’attirer l’attention des régulateurs. L’Autorité de la Concurrence et la Commission européenne, pourrait être amenée à vérifier si le rachat d’une part du capital par Free, Bouygues Telecom ou Orange, met en péril la concurrence du marché du mobile et de l’internet en France.