Avec l’essor de l’intelligence artificielle (IA) générative fin 2022, de nombreuses entreprises technologiques se sont lancées dans une course effrénée. Tous n’ont qu’une obsession : devenir le meilleur, proposer les outils les plus performants, et révolutionner l’usage de l’IA. Pour y parvenir, ces sociétés sont obligées d’acquérir les meilleurs accélérateurs d’IA, actuellement vendus à prix d’or par Nvidia.
Un de ses clients, OpenAI, cherche à réduire sa dépendance. Son dirigeant, Sam Altman, aurait un projet pharaonique visant à restructurer l’industrie des semi-conducteurs. Montant du projet : 7 000 milliards d’euros. Afin d’obtenir une aide financière conséquente et sécuriser son approvisionnement en puce, l’homme d’affaires s’est tourné vers le Moyen-Orient. Dans la région, deux pays cherchent à surfer sur l’engouement autour de cette technologie : les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite. Le dirigeant d’OpenAI ne compte pas passer à côté de cette opportunité.
Inscrivez-vous à la newsletter
En vous inscrivant vous acceptez notre politique de protection des données personnelles.
Aux Émirats arabes unis, Sam Altman se démène pour assouvir ses ambitions
« OpenAI a des discussions en cours sur l’augmentation des infrastructures mondiales et des chaînes d’approvisionnement pour les puces, l’énergie et les centres de données », a déclaré un porte-parole de l’entreprise à Bloomberg. En effet, le dirigeant d’OpenAI cherche à bâtir une coalition mondiale qui regrouperait des gouvernements, des patrons d’entreprises, des investisseurs. Ensemble, ils s’efforceraient d’améliorer l’offre actuelle en matière d’approvisionnement en semi-conducteurs, en puissance de calcul, et en énergie pour le développement d’outils d’IA toujours plus performants.
Parmi les personnes avec qui Sam Altman s’est entretenu, on retrouve de nombreux investisseurs et membres du gouvernement des Émirats arabes unis. Son contact privilégié : le cheikh Tahnoon bin Zayed al Nathyan, conseiller à la sécurité nationale de son frère, le cheikh Mohammed bin Zayed, le président du pays.
Tous ces entretiens visent à renforcer la coopération entre le secteur privé et le secteur public dans le pays du Moyen-Orient. Le but serait de les faire travailler conjointement pour améliorer ou construire des infrastructures dédiées à la formation et au fonctionnement de modèles coûteuses et à grande échelle. En parallèle, Sam Altman s’efforce de lever des milliards de dollars auprès de ces investisseurs afin de construire son réseau d’usines de fabrication de semi-conducteurs.
Dans sa ligne de mire, le fonds MGX. Un véhicule d’investissement fondé par le groupe Mubadala avec le soutien de G42, une holding émiratie spécialisée dans l’IA. Sa mission est d’investir dans ce secteur, mais aussi dans les composants électroniques. Avec cette nouvelle société, le gouvernement d’Abou Dabi aimerait placer son émirat au centre de l’écosystème mondial de l’IA. Pour présider ce fonds, les deux entreprises la détenant ont désigné le Cheikh Tahnoon bin Zayed al-Nahyan, à savoir le haut responsable émirati proche de Sam Altman.
Gare à la montée en puissance de l’Arabie saoudite
Outre les Émirats arabes unis, c’est l’Arabie saoudite qui veut sa part du gâteau en matière d’IA. Le royaume, qui dépend largement des hydrocarbures, tente d’identifier de nouvelles sources de revenus pour assurer son avenir. C’est l’objectif du plan Vision 2030 entrepris par le prince hériter du pays, Mohammed ben Salmane. Ce dernier considère l’intelligence artificielle comme un secteur d’avenir. Il souhaite concentrer les investissements du pays dans cette technologie.
Tout comme le gouvernement d’Abou Dabi, l’Arabie saoudite cherche à se doter d’un véhicule d’investissement spécialisé dans l’IA. Baptisé Public Investment Fund (PIF), 40 millions de dollars lui seraient alloués. Le pays négocierait actuellement avec l’un des cofondateurs d’Andreessen Horowitz, une des sociétés de capital-risque la plus en vogue dans la Silicon Valley.
Par rapport au continent européen, les pays du Golfe restent à la traîne en matière de centre de données. À la fin de l’année dernière, selon le cabinet d’études DC Byte, la capacité énergétique proposée par les centres de données basées en Émirats arabes unis serait 235 mégawatts (MW), plus que l’Arabie saoudite qui disposerait de 123 MW. À titre de comparaison, l’ensemble du parc allemand atteint les 1 060 MW.
Toutefois, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, sont déjà en train de construire des data centers leur permettant d’accroître leur capacité d’environ 150 MW chacun d’ici la fin 2025, et envisagent dans les prochaines années d’atteindre le seuil des 600 MW. Par exemple, Riyad s’est lancé dans la construction d’immenses centres de recherches consacrée à l’IA, lui permettant de produire de grands modèles de langage. En parallèle, pour former aisément ces outils, le pays a entrepris de construire d’immenses centres de données et de dépenser des millions de dollars pour s’approvisionner en accélérateurs d’IA.
D’après un rapport de PwC, d’ici la fin de la décennie, l’intelligence artificielle devrait rapporter 96 milliards de dollars aux Émirats arabes unis, et près de 135 milliards de dollars à l’Arabie saoudite. Outre les États-Unis et la Chine, les deux pays du Golfe seront ceux qui profiteront le mieux de l’essor de l’IA, économiquement parlant.