Officiellement, le leader des outils de fabrications de semi-conducteurs, ASML, doit avoir, depuis le 1er septembre, l’autorisation du gouvernement néerlandais pour vendre certains de ses produits à des groupes chinois. Ces derniers se précipitent sur le matériel de l’entreprise de la banlieue d’Eindhoven. Amsterdam laisse faire, pour quelques mois maximum.
ASML pris dans la guerre des puces
La décision avait été prise à la suite d’un lobbying intensif de Washington. En janvier, les Pays-Bas ont rejoint les États-Unis pour compliquer l’accès à la Chine aux semi-conducteurs les plus avancés. Début juillet, le gouvernement a confirmé qu’ASML devrait obtenir une licence pour vendre certains de ses systèmes à lithographie ultraviolette profonde (DUV) en Chine. Depuis 2019, la société doit composer avec les mêmes restrictions pour ses machines plus avancées encore, les appareils à lithographie extrême ultraviolet (EUV).
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Fin août, ASML a reçu une bonne nouvelle de son gouvernement : elle obtiendra toutes les licences nécessaires pour vendre en Chine jusqu’au 31 décembre 2023. Les autorités expliquent que ce délai est accordé pour permettre à la société de remplir ses obligations contractuelles avec ses homologues chinoises.
Une bonne nouvelle pour ASML, car les affaires vont bon train entre le Vieux Continent et l’Empire du Milieu. Dans ses résultats trimestriels publiés en juillet, ASML note « une forte demande d’outils » pour les DUV destinés aux semi-conducteurs matures, « en particulier en Chine ».
Une déclaration courte, mais qui correspond aux données de la douane chinoise. Les mois de juin et juillet ont constitué un pic de commande inédit de ces appareils, atteignant les 5 milliards de dollars. À noter que ces acquisitions ne sont pas toutes effectuées auprès d’ASML. Le Japon possède également des entreprises au savoir-faire similaire. Tokyo a également limité ses exports, à partir de fin juillet.
Perdre ces sources d’approvisionnement est un coup dur pour ASML, le pays est son troisième client. Selon son rapport annuel, en 2022, il représentait 15 % de ses revenus. Toutefois le leader Tech européen se veut rassurant. Toujours selon ses résultats de juillet, il était noté « sur la base de tout ce dont nous avons eu connaissance à ce jour, nous ne nous attendons pas à ce que les mesures néerlandaises et les éventuelles mesures américaines supplémentaires aient un impact important sur nos perspectives financières pour 2023 ou sur nos scénarios à plus long terme ».
La réponse de Pékin
L’impact le plus fort reste pour la Chine elle-même, touché sur l’un de ses points faibles. Le développement de technologies et d’acteurs aussi performants prendra du temps. Dans une forme de riposte, Pékin a décidé de jouer sur l’un des leviers à sa disposition, les matières premières.
Le pays a proclamé que pour l’export de Gallium, utilisé dans la fabrication de certains semi-conducteurs, et de Germanium, les entreprises devront également obtenir une licence. Cette mesure est effective depuis début août. Selon les chiffres de juillet des douanes chinoises, les prix ont explosé en juillet et la taille des carnets aussi. La guerre des puces fait rage et pourrait s’aggraver, Washington réfléchirait à de nouvelles mesures.