Les prix du Gallium, connus pour leurs volatilités, explosent et pour cause. Les exportations de ce métal de la Chine, premier producteur mondial de très loin, ont quasi cessé. Pékin a décidé d’autoriser ou non la vente à l’étranger, il s’agit de l’une des armes utilisées pour répondre aux restrictions de Washington sur les semi-conducteurs.
Le Gallium est l’un des rouages de la rivalité sino-américaine
« Le marché mondial du gallium peut être caractérisé comme relativement petit avec un risque d’approvisionnement élevé », écrivait l’Union européenne dans un rapport de 2020. Ce métal, principalement utilisé pour la fabrication de circuits imprimés, fait parti de la liste 2023 du Vieux Continent des matériaux critiques. Les événements récents l’attestent.
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Les prix du Gallium auraient grimpé de 50 % depuis début juillet, selon Fastmarkets. Au 9 août ils ont atteint 400 dollars le kilo, le prix le plus élevé depuis octobre 2022. L’explication de ce phénomène est toute trouvée : début juillet la Chine a prévenu qu’elle imposerait à ses entreprises une licence pour pouvoir exporter le métal, ainsi qu’un autre, le Germanium, à partir du 1er août, afin « de sauvegarder la sécurité et les intérêts nationaux », selon un communiqué du ministère chinois du Commerce et de l’Administration des douanes. Toujours selon le rapport de l’UE, le pays contrôle 94 % de la production mondiale.
Selon les informations de Bloomberg, qui a pu échanger avec des représentants de raffineries chinoises, Pékin n’aurait toujours pas délivré d’autorisation d’exportation. Cela devrait intervenir d’ici six à huit semaines, pour des permis d’une durée de six mois maximum.
L’augmentation des prix reste à un niveau raisonnable et ne traduit pas de panique. Les consommateurs de Gallium disposent de stock suffisant pour patienter. Toutefois, la façon dont Pékin va utiliser ce levier, pourrait refuser des permis, pourrait agiter le marché dans une tout autre ampleur.
S’il est encore trop tôt pour prédire les difficultés ou non qu’imposera la Chine pour acquérir du Gallium, les entreprises américaines semblent les plus exposées. La mesure ressemble à une réponse à celle de Washington pour priver le pays des semi-conducteurs les plus avancés, ainsi que du matériel nécessaire pour les fabriquer. La maîtrise de la production d’un certain nombre de matières premières critiques, dont les fameux métaux rares, est le principal atout du pays face aux États-Unis. C’est aussi une arme à utiliser avec précaution au risque d’aggraver encore les tensions commerciales entre les deux pays.