L’Administration du cyberespace de Chine (CAC), le censeur de l’Internet chinois, a donné, le 30 août, son feu vert pour la sortie publique de plusieurs technologies d’intelligence artificielle (IA) générative. Parmi les entreprises ayant reçu l’approbation se retrouve le spécialiste SenseTime, l’Académie chinoise des sciences ou le géant de la tech Baidu. Ce dernier a vu ERNIE Bot, son modèle de langage pensé pour concurrencer ChatGPT, atteindre les sommets des classements des marchés d’applications en Chine.

Un modèle de langage contrôlé par le gouvernement chinois

Présenté en mars devant deux millions de spectateurs, ERNIE Bot avait reçu un accueil mitigé. Trop basique, la démonstration du modèle de langage de Baidu a laissé les internautes et les investisseurs de marbre. Déterminé à surfer sur la vague de l’IA, le groupe a maintenu ses efforts et assurait, fin juin, que ERNIE Bot était plus efficace que ChatGPT sur les requêtes en chinois.

Dans un communiqué, Baidu déclarait être « ravi d’annoncer qu’ERNIE Bot est désormais pleinement disponible pour le grand public, à partir du 31 août ». L’engouement ne s’est pas fait attendre. Selon l’entreprise basée à Pékin, l’application mobile d’ERNIE Bot a atteint la première place du classement de l’App Store chinois en 12 heures.


Si Baidu vise principalement les utilisateurs chinois avec ERNIE Bot, la société a veillé à donner à son modèle de langage la capacité de comprendre l’anglais. Capable de répondre à des interrogations basiques, l’intelligence artificielle détourne rapidement la conversation lorsqu’il s’agit d’aborder des sujets politiques censurés par Pékin. L’AFP rapportait qu’à la question « peut-on discuter librement de tout sujet ? », ERNIE Bot acquiesce en précisant toutefois que « certains sujets peuvent être sensibles ou toucher à des questions légales et sont donc soumis à votre propre responsabilité ».

Pékin veut miser sur l’IA générative

Baidu, au côté de SenseTime et de l’Académie chinoise des sciences, fait partie des premières sociétés et institutions à obtenir l’autorisation de la CAC pour partager leurs technologies. Depuis le 15 août dernier, les entités travaillant sur l’IA doivent avoir l’accord du gendarme du web chinois pour rendre publics leurs travaux. Un moyen de garder un œil sur les informations et les valeurs véhiculées.

La Chine a toujours pour ambition de devenir le leader de l’intelligence artificielle d’ici à 2030 et concurrencer les États-Unis. Les performances de ses géants de la tech, et notamment de Baidu, devraient fortement contribuer à son développement dans ce secteur. D’autres grands noms comme ByteDance, maison mère de TikTok, ou Tencent, derrière la super application WeChat, pourraient être les prochains candidats à décrocher cette approbation.