YouTube a été sanctionné pour la première fois, en 2019, pour avoir recueilli des données de manière illégale sur des utilisateurs de moins de 13 ans. Une nouvelle étude, publiée cette semaine, montre que la plateforme de vidéo en ligne n’a pas évolué et propose des publicités pour adultes sur des chaînes destinées aux enfants. Elles auraient aussi suivi les enfants pendant leur navigation Web à l’aide de traqueurs et de cookies, ce qui est interdit.

YouTube nie

YouTube est souvent critiqué en raison de ses effets néfastes potentiels sur les enfants. En mai dernier, la plateforme d’Alphabet a été accusée d’avoir poussé des vidéos d’armes à feu et de tueries auprès d’un public mineur. Quand ce n’est pas sa mauvaise influence qui est pointée du doigt, ce sont ses techniques pour collecter des données sur les plus jeunes.

Dans une étude, Adalytics, une société qui analyse les campagnes publicitaires, a trouvé plus de 300 publicités de marque pour des produits pour adultes sur des vidéos signalées comme « faites pour les enfants ». Elle a également révélé que des contenus violents tels que des explosions et des accidents de voiture ont été intégrés dans des publicités diffusées sur des chaînes pour enfants. Avant ces découvertes, un événement particulier a mis la puce à l’oreille de l’entreprise d’analyse.

En début d’année, la Banque canadienne BMO a lancé une campagne de publicité sur YouTube pour promouvoir ses cartes de crédit, en utilisant le système de ciblage de Google pour atteindre les adultes résidant au Canada. Cependant, cette annonce a été diffusée à un spectateur américain, non connecté, sur une vidéo pour enfant de la chaîne YouTube Kids Diana Show. Cette chaîne destinée aux enfants de moins de six ans cumule plus de 113 millions d’abonnés.

Lorsque cet internaute a interagi avec la publicité en cliquant dessus, il aurait été redirigé vers le site web de BMO. En parallèle, le navigateur de l’utilisateur aurait été marqué avec des outils de suivi provenant de Google, Meta, Microsoft et d’autres grandes entreprises, ouvrant potentiellement la voie à la surveillance en ligne des activités des enfants.

Ce comportement est contraire au Children’s Online Privacy Protection Act, plus connu sous le nom de COPPA. La loi américaine de 1998 interdit le suivi et le ciblage des utilisateurs de moins de 13 ans. Pour le non-respect de cette loi en 2018, Alphabet a été sanctionné d’une amende de 170 millions de dollars.

Contactée par le New York Times, la maison mère de YouTube affirme que l’étude est « profondément imparfaite et trompeuse ». La firme affirme ne pas diffuser de publicités ciblées pour les enfants. Elle admet cependant ne pas pouvoir contrôler les données collectées par un site après un clic sur une annonce en provenance de YouTube. De son côté, la banque BMO se dit inquiète et rappelle ne jamais « avoir eu l’intention de diffuser ses pubs aux enfants ».