Le PDG de Stability AI, Emad Mostaque, a récemment discuté de l’impact de l’intelligence artificielle (IA) générative sur les développeurs. Les travailleurs ne seront pas affectés de la même manière selon le pays dans lequel ils se trouvent, et les Indiens seront particulièrement vulnérables, estime-t-il.

Plus de codeurs en Inde d’ici à 2 ans ?

Depuis le lancement de ChatGPT fin novembre 2022, l’IA générative a pris d’assaut de nombreuses industries. C’est d’autant plus vrai pour le monde du codage, puisque la plupart des modèles de langage sont désormais capables d’écrire des lignes de code à partir de simples prompts.

Lors d’une discussion avec des investisseurs de la banque UBS, Mostaque a affirmé que la technologie affecterait de nombreux métiers de « manière différente ». Son entreprise, Stability AI, a créé l’IA génératrice d’images Stable Diffusion. « Si vous faites un travail devant un ordinateur et que personne ne vous voit jamais, l’impact est énorme, car ces modèles sont des diplômés très talentueux », a-t-il continué.

Mostaque s’est surtout intéressé aux conséquences de l’IA générative selon le pays d’origine des développeurs. Ainsi, les régions dotées d’une forte réglementation pour encadrer le droit du travail seront moins susceptibles de subir l’effet négatif de la technologie. En Inde, « les codeurs externalisés, jusqu’aux programmeurs de niveau 3, disparaîtront d’ici un an ou deux, alors qu’en France, vous ne licencierez jamais un développeur », a lancé le PDG.

Les sous-traitants indiens menacés

Le pays sud-asiatique compte près de 5 millions de développeurs. Il s’agit également du lieu de prédilection pour les multinationales qui externalisent certains postes. À une période, les entreprises comme Wipro ou Tata Consulting Services, qui proposent leurs services aux géants de la tech, ont embauché massivement des développeurs. Parfois, sans trop regarder leur CV.

Ces personnes, qui disposent d’un curriculum moins fourni et surtout, d’aucun diplôme issu de grandes écoles, risquent d’être remplacés par des IA. « Pourquoi devriez-vous écrire du code là où l’ordinateur peut en écrire davantage ? Lorsque l’on déconstruit la programmation, des tests de bogues aux tests unitaires en passant par l’idéation, une IA peut le faire, mais en mieux », s’interroge Emad Mostaque.

Bien que les fournisseurs indiens investissent massivement pour former leurs employés à l’IA générative, il y a de fortes chances pour que la technologie finisse par causer du tort à nombre d’entre eux. Mostaque estime d’ailleurs que les développeurs se trouvant dans les pays occidentaux seront eux aussi affectés. Il considère qu’il n’y aura « plus de programmeurs » , dans le sens traditionnel du terme d’ici à cinq ans. Ces derniers vont devenir des « copilotes » de l’intelligence artificielle,

Selon l’OCDE, 27 % des emplois correspondent à des professions pouvant être amenées à disparaître à cause de l’IA. L’apport de la technologie sur l’économie mondiale devrait, par contre, être significatif. Le cabinet McKinsey estime que l’IA générative pourrait générer entre 2 600 et 4 400 milliards de dollars supplémentaires chaque année.