Mark Zuckerberg, le PDG de Meta, souhaite saisir l’opportunité du marché chinois pour ses casques VR. Cependant, pénétrer l’Empire du Milieu n’est pas chose osée, d’autant plus lorsque l’on s’est montré très critique de ses autorités par le passé…
Un partenariat avec Tencent envisagé
Le géant américain a entamé des pourparlers avec Tencent il y a plusieurs mois pour déployer le Meta Quest en Chine. À travers ce partenariat, la firme chinoise deviendrait l’unique vendeur des casques de Meta dans le pays, en plus de proposer des versions chinoises des jeux proposés sur les appareils.
Ce rapprochement bénéficierait au deux acteurs impliqués. D’une part, Meta pourrait capitaliser sur le plus important marché de jeux vidéo au monde. De l’autre, Tencent profiterait de l’exclusivité relative aux produits de l’entreprise américaine, et s’immiscerait dans le marché de la réalité virtuelle. Cette initiative renforcerait également la rivalité entre Meta et ByteDance. La maison mère de TikTok commercialise en effet un casque VR baptisé Pico ; celui-ci dispose du statut de sérieux concurrent au Meta Quest 2.
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Selon Zuckerberg, son entreprise est en mesure d’opérer dans le pays asiatique de la même manière qu’Apple et Tesla, qui y prospèrent. Néanmoins, une entrée sur le marché chinois pour Meta peut s’apparenter à un parcours du combattant. Son refus de se conformer aux règles de censure de Pékin a conduit à son blocage en 2009 dans le pays. Surtout, Mark Zuckerberg s’est, à plusieurs reprises, montré très critique à l’égard de l’Empire du Milieu.
Zuckerberg s’est « tiré une balle dans le pied »
En 2019, il n’a pas hésité à fustiger TikTok, qui représentait déjà une menace pour Instagram et Facebook, en l’accusant de censure. Il a aussi été particulièrement véhément à l’encontre du gouvernement chinois : « La Chine est en train de construire son propre Internet, axé sur des valeurs très différentes, et exporte maintenant sa vision d’Internet dans d’autres pays. Jusqu’à récemment, Internet dans presque tous les pays en dehors de la Chine a été défini par des plateformes américaines avec des valeurs de liberté d’expression très fortes. Rien ne garantit que ces valeurs l’emporteront ».
Interrogé par le Congrès américain en 2020, il a réitéré en affirmant que « le gouvernement chinois vole des technologies aux entreprises américaines ». Le Beijing Daily, média contrôlé par Pékin, vient ainsi de publier un éditorial en réponse à un papier du Wall Street Journal confirmant les discussions entre Meta et Tencent.
Le journal estime que Zuckerberg s’est « tiré une balle dans le pied », et qu’il s’est saboté lui-même avec ses anciens commentaires. En revanche, il salue les visites de Tim Cook, PDG d’Apple, et d’Elon Musk, PDG de Tesla. Elles sont considérées comme comme des exemples d’engagement positif avec le régime et le marché chinois, ce que Zuckerberg a été incapable de faire, assure le média.
La guerre commerciale ne va pas arranger les choses
En plus de s’être mis les autorités chinoises à dos, le PDG de Meta devra aussi faire face aux tensions géopolitiques entre la Chine et les États-Unis. Il est parfois complexe pour les sociétés occidentales de trouver un équilibre entre les exigences de la Chine en matière de censure et les attentes des autorités dans son pays d’origine.
D’ailleurs, de plus en plus de firmes délocalisent leur production depuis la Chine vers d’autres régions, au fur et à mesure que la guerre commerciale prend de l’ampleur. Apple en est un parfait exemple. Si les États-Unis risquent de se montrer sceptiques à l’idée de voir Meta débarquer en Chine, la méfiance de Pékin à l’encontre de l’entreprise devrait également être exacerbée par la situation.