Le Conseil de partenariat numérique Japon – Union européenne s’est tenue pour la première fois à Tokyo. À cette occasion, Thierry Breton, commissaire européen au Marché Intérieur et Yasutoshi Nishimura, ministre de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie, ont signé un mémorandum sur les semi-conducteurs le 4 juillet. Une démarche, non contraignante, qui en évoque une autre, quelques semaines plus tôt, avec les États-Unis.
« La coopération est la clef »
Comme l’a noté Thierry Breton depuis le Japon, « Chaque continent développe aujourd’hui ses capacités de production en semi-conducteurs ». La pénurie de puces provoquée par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement liée à la pandémie de Covid-19 a agi comme un électrochoc. L’Europe, le Japon et les États-Unis, leader il y a trente ans de ces composants aujourd’hui dans tous les appareils électroniques, ont réalisé leur dépendance à Taïwan, la Corée du Sud, voire la Chine.
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Ni une ni deux, des projets de plan de soutien, des chips act, ont afflué pour réduire cette dépendance dans le cadre d’une réindustrialisation. Devant la concomitance de ces plans, Bruxelles, Tokyo et Washington semblent vouloir mettre un peu d’ordre, la « La coopération est la clef » selon les termes de Thierry Breton. « Le mémorandum de coopération » va dans ce sens.
Chips are vital for our economic security.
EU & Japan to boost #resilience of the #Chips supply chain, including an “early warning” mechanism to prevent any disruptions — notably in critical raw materials components.
Glad to sign 🇪🇺🇯🇵 memorandum with #METI Minister Nishimura. pic.twitter.com/QMmhroBlDe
— Thierry Breton (@ThierryBreton) July 4, 2023
Ce texte succinct prône pour l’élaboration d’un « mécanisme d’alerte précoce pour la chaîne d’approvisionnement en semi-conducteurs », une collaboration en recherche et développement, sur les compétences, les cas d’utilisation… Et surtout pour la « transparence des subventions pour le secteur des semi-conducteurs », autrement dit : éviter de trop se marcher sur les pieds.
La chaîne de valeur des semi-conducteurs est largement mondialisée et ses acteurs, notamment les plus performants, relativement peu nombreux. La concurrence entre les territoires peut se révéler féroce et la course aux subventions, mortifère pour les deniers publics des acteurs. Pour le moment, les projections de l’industrie mise sur un doublement de la demande de semi-conducteurs d’ici 2030. Les entreprises multiplient les usines, la compétition est donc raisonnable, mais est-ce que cela va durer ?
Japon et UE n’ont pas la même approche pour leur industrie de semi-conducteurs
Tokyo a déjà abordé le sujet avec Washington de son côté. C’est aussi le cas de l’UE, lors du Trade and Technology Council (TTC) fin mai. Les Chips Act respectifs y étaient considérés comme « mutuellement bénéfiques ». Le texte signé le 4 juillet, affichant surtout de bonnes intentions, reste dans cette même veine et ferme le cercle de ces trois ex-puissances hégémoniques des semi-conducteurs.
Thierry Breton a pu en profiter pour rencontrer des représentants de Rapidus, un consortium, figure de proue des efforts japonais dans les semi-conducteurs. Tokyo, qui soutient ardemment ce projet, espère qu’il donnera lieu à la création d’une fonderie de noeud de production de 2nm, les plus avancées du monde. L’institut de recherche en microélectronique belge IMEC participe a ce plan, jaugé extrêmement ambitieux.
L’Europe a décidé de répartir ses efforts différemment. Elle soutient ses entreprises, qui ont abandonné la course au nanomètre pour explorer d’autres voies, et, parallèlement, cherche à attirer les sociétés étrangères toujours dans cette course. Par exemple Intel ou, peut-être, la Taïwan Semiconductor Manufacturing Company.
Ce Conseil de partenariat numérique, très ressemblant au TTC, a été l’occasion d’aborder d’autres thématiques. Un second mémorandum a été signé sur la question des câbles sous-marins, des discussions se sont concentrées sur l’IA, les transferts de données… Les participants se sont donné rendez-vous en 2024 « pour faire le point sur les progrès accomplis et prendre de nouvelles mesures pour approfondir notre partenariat ».