Nouveau bras de fer entre Twitter et l’Union européenne ? Le réseau social a décidé de quitter le code des bonnes pratiques de l’UE contre la désinformation en ligne. C’est Thierry Breton, le commissaire européen à l’Industrie, qui a annoncé la nouvelle dans un tweet publié samedi.

« Vous pouvez courir, mais vous ne pouvez pas vous cacher »

Élaboré en 2018, le code européen des bonnes pratiques regroupe une trentaine d’acteurs ayant rédigé, ensemble, une quarantaine d’engagements pour lutter efficacement contre la propagation de fausses informations. L’objectif est de mieux coopérer avec les fact-checkeurs et de priver de publicité les sites diffusant des infox. Le texte a été révisé en juin 2022 et approuvé par 34 signataires supplémentaires, parmi lesquels Meta, Google, Microsoft, TikTok et Twitter.

Le réseau social détenu par Elon Musk a vite fait machine arrière. « Twitter se retire volontairement du code européen de bonnes pratiques renforcé contre la désinformation », a prévenu Thierry Breton sur son compte Twitter. Le commissaire européen insiste, « ses obligations demeurent » malgré tout.

En effet, l’entrée en vigueur du Digital Services Act (DSA) approche à grands pas. Dès le 25 août, les plateformes technologiques devront intensifier leurs efforts pour réduire les risques liés à la désinformation et aux contenus illégaux. Dans le cas contraire, elles pourraient se voir infliger une amende allant jusqu’à 6 % de leur chiffre d’affaires global. Autant dire que Twitter devra tout de même se conformer à ces nouvelles réglementations. « Vous pouvez courir, mais vous ne pouvez pas vous cacher », a souligné Thierry Breton. « Nos équipes seront prêtes à faire appliquer la loi », a-t-il averti.

La désinformation, toujours un problème majeur sur Twitter

La modération de contenu est un point de discorde entre l’UE et Elon Musk. Ce dernier a expliqué préférer faire appel aux internautes de la plateforme via les Community Notes, qui permettent d’ajouter un contexte à un tweet, plutôt qu’à des fact-checkeurs. En parallèle, le fonctionnement des pastilles bleues, auparavant signe d’authenticité, a été revu. Les internautes peuvent désormais l’obtenir contre une dizaine de dollars par mois grâce à l’abonnement Twitter Blue. Pour les diffuseurs de fausses informations, c’est une façon simple de gagner en crédibilité et en visibilité.

Le nombre de modérateurs du réseau social en baisse est loin d’arranger les choses. En effet, Elon Musk préfère miser sur l’utilisation de l’intelligence artificielle et l’aide de bénévoles pour réguler les contenus publiés sur la plateforme. Cette approche est loin de convaincre les commissaires européens. « Si [Elon Musk] n’est pas sérieux sur le code, c’est peut-être mieux qu’il le quitte », a commenté un responsable à la Commission européenne à l’AFP.

« Je souhaite que Twitter puisse se conformer d’ici au 25 août aux règles européennes nouvelles que nous avons adoptées, sinon il ne sera pas le bienvenu en Europe » a prévenu ce lundi 29 mai Jean-Noël Barrot, ministre délégué de la Transition numérique, au micro de Franceinfo.