Blue Origin, l’entreprise fondée par Jeff Bezos, a fait un important pas en avant dans la conquête de la Lune. Elle est parvenue à fabriquer des cellules photovoltaïques et des câbles de transmission à partir d’un simulant de sol lunaire.

Le programme Blue Alchemist

Si Blue Origin n’a pas été sélectionnée par la NASA en tant qu’alunisseur dans le programme Artemis, elle compte bien y participer d’une autre façon. Ce programme, qui vise à ramener l’être humain sur la Lune pour s’y installer de manière permanente, requiert de nombreuses technologies innovantes. L’une de ses pierres angulaires est de parvenir à exploiter les ressources de la Lune, pour générer de l’énergie par exemple, afin d’éviter la nécessité d’innombrables allers-retours de vaisseaux cargo, ce qui pourrait nuire à la faisabilité du projet.

C’est avec cela en tête que Blue Origin travaille sur le programme Blue Alchemist. Ce 10 février, elle a annoncé une importante avancée dans le domaine : « Nous pouvons fabriquer des systèmes d’alimentation sur la Lune directement à partir de matériaux qui existent partout à la surface, sans substances spéciales apportées de la Terre. Nous avons été les pionniers de cette technologie et en avons démontré toutes les étapes. Notre approche, Blue Alchemist, peut évoluer indéfiniment, éliminant l’énergie en tant que contrainte partout sur la Lune », explique-t-elle dans un billet de blog.

Quel procédé a été appliqué ?

Tout d’abord, Blue Origin a créé un simulant de régolithe, un matériau poussiéreux qui recouvre le sol lunaire, chimiquement et minéralogiquement similaire à celui-ci. « Nous avons développé et qualifié un processus efficace, évolutif et sans contact pour la fusion et le déplacement du régolithe fondu qui est robuste aux variations naturelles des propriétés du régolithe sur la Lune », continue la société.

Elle a ensuite appliqué un processus baptisé « électrolyse du régolithe fondu » au matériau de synthèse, durant lequel un courant électrique direct est appliqué au régolithe simulé à une température élevée, supérieure à 1 600° Celsius. Grâce à ce procédé, le fer, le silicium et l’aluminium peuvent être extraits du régolithe lunaire. Blue Origin affirme avoir produit du silicium, élément clé des cellules solaires, d’une pureté supérieure à 99,999 % par électrolyse du régolithe fondu.

La cellule photovoltaïque est protégée par un couvercle en verre conçu à partir des sous-produits issus de la réaction d’électrolyse et qui lui permettrait de survivre pendant une décennie ou plus sur la surface lunaire. « Bien que notre vision soit techniquement ambitieuse, notre technologie est aujourd’hui bien réelle. L’objectif de Blue Origin de produire de l’énergie solaire en utilisant uniquement des ressources lunaires s’aligne sur l’objectif prioritaire de la NASA, à savoir le développement d’une infrastructure de la Lune vers Mars », s’enthousiasme l’entreprise de Jeff Bezos.

Une cellule photovoltaïque créée par Blue Origin.

Photographie : Blue Origin.

Commercialiser la technologie auprès de la NASA

Si Blue Origin a franchi une étape importante, le chemin est encore long ; la société doit être en mesure de reproduire tout ce procédé en dehors de son laboratoire, et qui plus est sur la Lune. Elle espère maintenant commercialiser cette technologie auprès de la NASA pour qu’elle l’utilise dans le cadre de son programme Artemis. Ce dernier permet de très importantes avancées scientifiques, notamment en matière de production d’énergie. L’agence spatiale américaine souhaite également créer un réacteur nucléaire spécialement conçu pour fonctionner sur la Lune.

Blue Origin assure d’ailleurs que son système peut être bénéfique pour notre planète : « Comme notre technologie permet de fabriquer des cellules solaires sans émissions de carbone, sans eau et sans ingrédients toxiques ou autres produits chimiques, elle présente un potentiel intéressant pour bénéficier directement à la Terre ».

The Verge rapporte qu’une autre entreprise, Lunar Resources, travaille sur une technologie similaire et en serait à peu près au même niveau de développement que Blue Origin. Les deux firmes ont encore un travail colossal devant elles, mais il s’agit d’ores et déjà d’un immense pas en avant pour pouvoir occuper la Lune de manière pérenne.