ASML, le fabricant néerlandais de systèmes de lithographie pour le secteur des composants électroniques, a présenté le 24 janvier 2022 ses résultats pour le quatrième trimestre 2022. Quasiment monopolistique sur son marché, la forte demande de l'industrie des semi-conducteurs laissait envisager des bénéfices nets à la hausse, mais cela ne s'est pas passé comme prévu.
Des résultats mitigés, mais ASML reste confiant pour 2023
Le groupe néerlandais a enregistré une baisse de ses revenus nets de 4,4 % par rapport au quatrième trimestre 2021, atteignant 5,6 milliards d'euros à la fin de l'année. Selon le communiqué publié par l'entreprise, cette légère baisse s'explique par la hausse des frais de personnels et ses investissements pour accélérer sa branche recherche & développement.
Malgré un bénéfice en deçà des attentes, ASML a enregistré une augmentation de son chiffre d'affaires. Alors qu'il tablait sur 18,6 milliards d'euros, celui-ci culmine à 21,2 milliards d'euros au 31 décembre 2022, soit une hausse de 14 %. Pour le premier trimestre 2023, ASML s'attend à ce que ses ventes explosent pour que son bénéfice net soit compris entre 6,1 et 6,5 milliards d'euros. Les analystes sont plus pessimistes et affirment que l'entreprise néerlandaise peinera à dépasser la barre des 6 milliards d'euros. Le fabricant s'attend également à une hausse de son chiffre d'affaires d'environ 25 %.
« Pour ASML, 2022 a été une nouvelle année solide, avec une marge brute de 50,5% et un carnet de commandes record à la fin 2022 de 40,4 milliards d'euros. (...) Lorsque nous examinons l’état de l’industrie des semi-conducteurs aujourd’hui, nous ne sommes pas à l’abri des craintes de récession, d’inflation élevée ou des taux d’intérêt élevés », précise Peter Wennink, le directeur général de l'entreprise à CNBC.
Le fabricant néerlandais doit composer avec le contexte géopolitique du moment
Si l'inflation ou l'augmentation des taux d'intérêt sont bien prises en compte par ASML, l'entreprise néerlandaise pourrait bien se retrouver au centre des tensions existantes entre la Chine et les États-Unis. Le président américain, Joe Biden, et le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, ont eu de vives discussions autour de la mise en place de restrictions à l'exportation sur des ventes réalisées par ASML auprès de clients chinois.
Depuis octobre 2022, l'Administration Biden a durci ses sanctions envers la Chine, empêchant ses fleurons technologiques d'importer des semi-conducteurs américains performants ou du matériel permettant la fabrication de ces composants électroniques. Les États-Unis souhaitent que ses alliés s'alignent sur sa décision afin de conserver son avance technologique sur l'Empire du Milieu. Le Japon avait annoncé au début de l'année qu'il coopérerait avec Washington.
Pour ce qui est des Pays-Bas, les discussions sont en cours. Pour l'heure, tous les équipements de lithographie extrême ultraviolet d'ASML sont déjà interdits d'exports en Chine. L'administration Biden souhaite que d'autres machines, celles exploitant le deep ultraviolet, le soient également. Peter Wennink a donné son avis sur la situation, précisant « qu'il était un homme d'affaires et non un politicien ». Le dirigeant d'ASML « attend simplement que les gouvernements parviennent à une solution raisonnable ». Un accord devrait aboutir entre les Pays-Bas et les États-Unis d'ici la fin du mois de janvier.