Dans un effort de freiner l’exportation de semi-conducteurs et du matériel qui sert à leur fabrication vers la Chine, le Japon s’apprête à s’allier aux États-Unis. Lors de sa visite sur le territoire de l’Oncle Sam, Yasutoshi Nishimura, ministre de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie du Japon, a annoncé, le 6 janvier, que Tokyo allait collaborer avec Washington pour bloquer Pékin. Il a dévoilé que l’archipel désirait nouer des liens solides avec le gouvernement américain pour développer conjointement de nouvelles technologies.
Le Japon se joint aux États-Unis et aux Pays-Bas
Face aux tensions croissantes entre la Chine et Taïwan, plaçant le gouvernement chinois devant des défis militaires qui nécessitent l’utilisation de semi-conducteurs, le Japon s’inquiète. Au cours d’un discours tenu au Center for Strategic and International Studies, Yasutoshi Nishimura a déclaré que « pour lutter contre l’utilisation abusive des technologies critiques et émergentes par des acteurs malveillants, ainsi que contre les transferts inappropriés de technologies, il est absolument impératif que nous renforcions notre coopération dans le domaine du contrôle des exportations ».
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Il explique que « le Japon va mettre en œuvre un contrôle strict des exportations, fondé sur la coopération internationale, tout en participant étroitement à des échanges de points de vue avec les États-Unis et d’autres pays concernés ». Un signal fort marquant la volonté de Tokyo de se joindre aux restrictions imposées par l’administration Biden.
Début octobre, Washington a mis en place des directives pour ralentir l’exportation de puces électroniques et du matériel de fabrication vers l’Empire du Milieu. Les entreprises chinoises placées sur l’Entity List, la liste noire des États-Unis, ne peuvent pas se fournir en semi-conducteurs auprès des sociétés américaines sans que l’exportateur obtienne l’autorisation du département du Commerce américain.
Pour renforcer son embargo, le gouvernement américain a sollicité la coopération du Japon, mais aussi des Pays-Bas. Début décembre, sous la pression, Amsterdam révélait avoir trouvé un accord avec les États-Unis impliquant ASML, le fabricant de machines spécialisées utilisées dans la conception de puces électroniques.
Vers une coopération à long terme entre Washington et Tokyo
En plus de rejoindre l’alliance créée par Washington, Tokyo veut développer une entente sur le long terme. Yasutoshi Nishimura a affirmé que « le renforcement de notre sécurité économique est une question de grande urgence ». Au-delà de l’entente contre la Chine, il estime que le Japon et les États-Unis se doivent de « stimuler l’innovation mondiale dans le domaine des semi-conducteurs, de la biotechnologie » et d’autres technologies émergentes.
En décembre dernier, l’américain IBM s’associait au japonais Rapidus pour fabriquer des puces de classe 2 nanomètres. Gina Raimondo, secrétaire américaine au commerce, qualifiait cette union comme « un symbole de la coopération entre les États-Unis et le Japon dans le domaine des semi-conducteurs ».
Yasutoshi Nishimura appelle également à étendre leur collaboration au domaine des sciences et technologies quantiques et de l’intelligence artificielle. Fumio Kishida, le Premier ministre japonais est attendu, le 13 janvier, à la Maison-Blanche pour s’entretenir avec Joe Biden.
Quel impact pour la Chine ?
Il faudra attendre quelques mois pour voir si les mesures collectives des États-Unis, des Pays-Bas et du Japon portent leurs fruits et mettent la Chine dans une mauvaise posture. L’Administration générale des douanes, l’agence gouvernementale chinoise chargée de la gestion des importations et des exportations de bien et de services et des services en Chine, rapportait en octobre 2022, une baisse de presque 13 % des importations de semi-conducteurs. Deux mois plus tard, en décembre, elle révélait que l’importation du matériel de fabrication de puces avait atteint son plus faible niveau depuis mai 2020.