Il en a fallu du temps au département de la Défense américain pour finaliser son projet de cloud. Le 7 décembre le Pentagone a dévoilé que Microsoft, Amazon, Google et Oracle ont été choisis pour fournir les services du programme Joint Warfighting Cloud Capability (JWCC).

Le contrat cloud du siècle

Les services cloud du Pentagone se veulent « disponibles dans le monde entier, dans tous les domaines de sécurité et à tous les niveaux de classification, du niveau stratégique au niveau tactique » d’après le communiqué de l’institution. Un de ses porte-parole a précisé à CNBC que « JWCC est un marché public à adjudications multiples composé de quatre contrats avec un plafond partagé de 9 milliards de dollars ».

Le choix de sélectionner quatre prestataires au lieu d’un peut s’expliquer techniquement. À l’image de grandes entreprises privées, le multicloud permet de s’appuyer sur la spécialité des uns et des autres, cela peu entraîner une réduction des coûts et engendrer un gain de fiabilité vis-à-vis des pannes.

Pour le Pentagone il s’agit aussi et peut-être surtout d’acheter la paix des ménages. Le prédécesseur du JWCC portait le doux nom de projet JEDI, pour Joint Enterpise Défense Infrastructure. Contrat du siècle estimé à 10 milliards de dollars il a donné lieu à une bagarre judiciaire intense entre les prétendants.

La chute de JEDI, la revanche d’Amazon

Remporté par Microsoft en 2019, Amazon, leader du marché à tout de suite contesté. Selon l’entreprise de Jeff Bezos, le jeu aurait été pipé par Donald Trump, pour se venger du milliardaire de Seattle et de sa propriété, le Washington Post. L’année suivante le département de la Défense a jugé ces allégations infondées.

Pourtant, un an encore après, le contrat avec Microsoft est annulé. Le Pentagone se justifie en expliquant que JEDI « a été développé à un moment où les besoins du ministère étaient différents et notre conversation sur le cloud moins mature ».

Le Congrès a conseillé au Pentagone de privilégier une approche multifournisseur pour mettre fin aux batailles juridiques et d’éviter la dépendance à une société unique. Oracle a aussi fait pression en ce sens. Avec un seul cloud pour tout le Pentagone, seuls Microsoft Azure et Amazon Web Services étaient calibrés pour répondre à l’appel d’offres. Avec une charge répartie entre plusieurs protagonistes, Oracle a pu tenter sa chance et être récompensé. Le contrat, sur lequel Google est aussi parvenu à se greffer, court jusqu’à 2028.