LinkedIn a conduit, entre 2015 et 2019, des essais, sans avertir ses utilisateurs, sur son algorithme « Personnes que vous pourriez connaître ». C’est ce que démontrent des chercheurs du réseau social, de l’Institut de Technologie du Massachusetts (MIT), et de l’école de commerce de Stanford et Harvard dans une étude publiée le 15 septembre. D’après eux, les expérimentations de LinkedIn ont permis à certaines personnes de trouver un emploi plus facilement que d’autres.

La force des liens faibles

L’algorithme « Personnes que vous pourriez connaître » propose aux usagers de la plateforme de nouvelles connexions, c’est-à-dire d’autres utilisateurs avec lesquels ils sont susceptibles d’avoir des points en commun. Entre 2014 et 2015, LinkedIn s’est essayé à plusieurs versions de son algorithme auprès de 20 millions de personnes inscrites sur sa plateforme. De manière aléatoire, ce dernier mettait en avant des profils aux liens faibles, avec moins de 10 contacts mutuels, ou des profils aux liens forts, avec plus de 20 contacts mutuels.

Dès lors, l’étude menée par le groupe de chercheurs a démontré que les personnes dont la majorité des recommandations LinkedIn étaient des liens faibles avaient plus de chances de trouver du travail que les autres. Karthik Rajkumar, un chercheur en recherche appliquée chez LinkedIn et co-auteur de l’enquête, a indiqué au New York Times que « ces liens modérément faibles sont la meilleure option pour aider les gens à trouver un nouvel emploi, bien plus que les liens plus forts ».

Des essais cachés du public

L’amélioration de l’algorithme avait pour but de bénéficier à l’ensemble des utilisateurs du réseau social, mais LinkedIn n’a pas mis au courant les personnes composant son échantillon. La filiale de Microsoft, qui compte aujourd’hui près de 830 millions d’inscrits, s’est gardée d’avertir que certains usagers pourraient être lésés dans leur recherche d’emploi.

Si les politiques de confidentialité de la plateforme indiquent que LinkedIn peut se servir des données personnelles dont elle dispose pour étudier les tendances du lieu de travail, rien n’indique qu’elle peut utiliser ses utilisateurs pour des expérimentations. « Nous sommes transparents avec nos membres grâce à la section “recherche” de nos conditions d’utilisation », s’est défendue l’entreprise californienne auprès du New York Times.

Finalement, ce sont près de 20 millions de personnes qui ont participé aux essais sans en être informées. 4 millions en 2015 et 16 millions en 2019. 600 000 d’entre eux ont obtenu un nouveau travail au cours de ces phases de tests.