Nvidia et AMD ont révélé le 31 août avoir reçu de nouvelles consignes du département du Commerce américain sur l’exportation de puces vers la Chine et la Russie. Les deux fabricants devront limiter la vente de leurs unités de traitement graphique (GPU) les plus sophistiquées vers ces deux pays.
Les États-Unis veulent gêner les progrès technologiques de la Chine
Nvidia et AMD devront désormais demander une licence d’exportation pour envoyer certains de leurs produits vers la Chine et la Russie. Le département du commerce a fixé un seuil de performance de puces au-delà duquel une licence d’exportation sera exigée avant toute vente dans les pays concernés. Les deux entreprises ont déclaré s’attendre à ne pas obtenir ces licences.
Inscrivez-vous à la newsletter
En vous inscrivant vous acceptez notre politique de protection des données personnelles.
D’après les informations du New York Times, d’autres sociétés du secteur, que ce soit dans la fabrication d’outils ou de logiciels de conceptions auraient reçu des consignes similaires.
Nvidia a précisé que ses puces A100, disponibles depuis deux ans, et H100, encore en cours de développement sont concernées. Elles sont surtout utilisées dans les serveurs des centres de données. Pour AMD, c’est le MI200 qui dépasse le seuil de performances.
Le but de Washington est de bloquer le développement de superordinateurs ou d’intelligence artificielle de ces deux pays. Les États-Unis estiment que ces technologies civiles sont détournées par Pékin et Moscou pour être utilisées à des fins militaires ou de surveillance de masse.
Le département du Commerce, sans commenter directement les annonces de Nvidia et AMD, a réaffirmé sa politique envers la Chine, « Il s’agit notamment d’empêcher l’acquisition et l’utilisation par la Chine de technologies américaines dans le cadre de son programme de fusion militaro-civile pour alimenter ses efforts de modernisation militaire, mener des violations des droits de l’homme et permettre d’autres activités malignes ».
L’Empire du Milieu reste la principale préoccupation des États-Unis. Nvidia a d’ailleurs précisé ne pas vendre ce type d’équipement à la Russie. Washington multiplie les mesures pour entraver la vente de puces sophistiquées, ajout sur liste noire d’entreprises technologiques chinoises, interdiction d’investir en Chine pour bénéficier des fonds du Chips Act, pressions sur les acteurs occidentaux du secteur…
L’accès aux puces les plus sophistiquées demeure la grande faiblesse de Pékin dans la course technologique engagée avec les États-Unis. Le pays est très dépendant des produits venus de Taïwan et notamment du leader du secteur, la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC).
AMD hausse les épaules, Nvidia grogne
Le fabricant chinois Semiconductor Manufacturing International Corp (SMIC) peine à développer des puces avancées à cause des mesures américaines. Ce n’est pas la seule entreprise à subir les tensions géopolitiques entre les deux grands pays. Si AMD a précisé que les nouvelles contraintes n’auraient pas d’impact significatif sur ses activités, ce n’est pas le cas de Nvidia.
Le premier fabricant de puces américain en termes de valorisation boursière traverse une période difficile. Ses derniers résultats trimestriels ont déçu et la conjoncture lui est défavorable. La chute des ventes de jeux vidéo, de smartphones, d’ordinateurs, a un impact sur ses propres ventes de GPU.
L’entreprise a déclaré que les directives du département du commerce affectent 400 millions de dollars de revenus, sur la base de son dernier trimestre. Nvidia estime également que le développement du H100 sera ralenti. Elle devra également accompagner ses clients chinois pour trouver des alternatives aux A100 et transférer certaines de ses activités hors de Chine.
Nvidia a utilisé un argument habituel des entreprises américaines, les restrictions vont entraîner ses clients chinois vers ses concurrents étrangers, « Le processus d’octroi de licences rendra nos efforts de vente et d’assistance plus lourds, moins sûrs, et encouragera les clients en Chine à rechercher des alternatives à nos produits, y compris des fournisseurs de semi-conducteurs basés en Chine, en Europe et en Israël ». Les temps sont durs pour Nvidia.