Au cours des quatre premiers mois de l’année 2022, les importations de semi-conducteurs en Chine ont baissé de 11,4%. Une tendance étonnante compte tenu de la demande mondiale, mais qui s’explique par la volonté de la part du gouvernement chinois de réduire sa dépendance aux technologies étrangères.
Pékin vise l’autosuffisance
Entre début janvier et fin avril 2022, la Chine a importé 186 milliards de semi-conducteurs selon les données officielles des douanes. Même si c’est énorme, c’est moins que sur la même période en 2021 : une baisse de 11,4 % en glissement annuel. Le pays met en place une stratégie d’autosuffisance, pour réduire sa dépendance aux technologies étrangères tout en imposant des mesures sanitaires strictes, qui ont paralysé le secteur industriel.
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Depuis fin 2020, dans un contexte d’inquiétude économique et de guerre commerciale avec les États-Unis, la Chine stocke des semi-conducteurs pour ne pas manquer. Pékin redouble également d’efforts pour atteindre l’autosuffisance en matière de semi-conducteurs, en investissant dans le secteur. Il y a quelques semaines, le South China Morning Post rapportait, depuis Hong Kong, l’existence d’un vrai bouillonnement du monde chinois des semi-conducteurs.
Le gouvernement chinois, avec l’appui d’entreprises privées, investit massivement dans le secteur des semi-conducteurs. Une politique volontariste est menée en ce sens. Subventions, avantages sur l’approvisionnement, politiques préférentielles, ont suscité un boom des investissements et pourraient, à terme, favoriser l’émergence de grands fournisseurs locaux. En 2020, 50 000 entreprises liées au semi-conducteur avaient été créées.
La Chine peut-elle dominer le marché des semi-conducteurs ?
Selon un rapport de l’association américaine Semiconductor Industry Association, les ventes de semi-conducteurs du pays pourraient atteindre une part de 17,4% du marché mondial d’ici 2024, ce qui ferait de la Chine l’un des plus grands fabricants de puces au monde, après les États-Unis et la Corée du Sud. Toutefois, les ambitions de la Chine sont actuellement contrariées par une pénurie de talents et de technologies nécessaires au développement de puces avancées.
À ce sujet, Taïwan tente d’empêcher la Chine de débaucher ses experts en semi-conducteurs. Dans le viseur des espions chinois : la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company. Plusieurs entreprises chinoises sont soupçonnées de recruter illégalement des ingénieurs taïwanais. Un responsable des services de renseignement taïwanais a déclaré que 27 entreprises ont déjà été perquisitionnées et leurs propriétaires ont été convoqués pour être interrogés par le bureau.