Depuis quelques mois, les services de renseignement de Taïwan s’activent pour tenter d’empêcher les chinois de débaucher leurs experts en semi-conducteurs. Selon Reuters, des enquêtes sur une centaine d’entreprises chinoises soupçonnées de recruter illégalement les ingénieurs taïwanais ont été ouvertes.
Taïwan lutte pour empêcher la Chine de recruter ses ingénieurs spécialisés dans les semi-conducteurs
Un responsable des services de renseignement taïwanais a déclaré que 27 entreprises ont déjà été perquisitionnées et leurs propriétaires ont été convoqués pour être interrogés par le bureau. Taïwan tient absolument à protéger ses ingénieurs et à empêcher la Chine de recruter ses experts en semi-conducteurs. Dans le viseur des espions chinois : TSMC (la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company). Cette entreprise est la plus avancée au monde dans le domaine des semi-conducteurs.
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Aujourd’hui, avec la crise que nous traversons, Taïwan possède ce dont la Chine a besoin : une expertise de pointe en matière de puces. La situation actuelle pousse le gouvernement de Xi Jinping à recruter par tous les moyens possibles les meilleurs ingénieurs en la matière. Dès 2020, Taïwan a créé un groupe de travail au sein du Bureau d’enquête du ministère de la justice, dont la principale mission est de « lutter contre le braconnage de talents ».
Taipei mise sur l’honneur et la loyauté de ses experts
Selon la source qui s’est confiée à Reuters, les cas dans lesquels le ministère a pris des mesures en effectuant des descentes ou des interrogatoires ne représentent que « la partie émergée de l’iceberg ». La pression militaire accrue exercée par la Chine, qui revendique Taïwan comme son territoire, n’a fait que renforcer la détermination de Taipei à protéger sa suprématie en matière de puces électroniques. Un atout qui revêt également une importance stratégique pour les États-Unis, dont une grande partie de la fabrication de puces est sous-traitée sur l’île.
En soi, les entreprises chinoises ne sont pas dans l’illégalité en tentant de recruter des ingénieurs taïwanais. Cependant, une loi taïwanaise interdit les investissements chinois dans certaines parties de la chaîne d’approvisionnement des semi-conducteurs, notamment la conception des puces. En revanche, les ingénieurs taïwanais sont libres de se rendre en Chine, mais ils sont nombreux à préférer la qualité de vie taïwanaise. Pourtant, les entreprises chinoises proposent parfois des salaires deux à trois fois supérieurs à ces proposés à Taipei.
Si Taïwan ne peut pas rivaliser sur le plan des salaires, le pays compte sur l’honneur et la loyauté de ses habitants. En effet, les ingénieurs qui acceptent d’être débauchés risquent de ne pas retrouver de travail dans les entreprises technologiques taïwanaises et de subir « la honte publique ». Plusieurs cadres supérieurs de TSMC qui sont allés travailler pour SMIC en Chine ont été qualifiés de « traîtres » dans la presse taïwanaise.