La répression autour des jeux vidéo continue en Chine. L’Administration nationale de la presse et des publications chinoise (NPPA) n’a toujours pas publié sa liste des nouvelles licences autorisées. La dernière datant de juillet 2021, il s’agit désormais de la plus longue suspension depuis 2018. Cette décision entraîne de nombreuses petites entreprises du secteur à fermer en Chine, et pousse les géants à se tourner vers d’autres marchés.

La Chine poursuit sa réglementation répressive des jeux vidéo

Le gel des nouvelles licences approuvées en Chine se prolonge en 2022. Les autorités de régulations, dont la NPPA, en charge des licences de jeux vidéo en Chine, n’ont pas publié de nouvelle liste depuis fin juillet 2021. Il s’agit désormais de la plus longue suspension depuis une précédente, d’une durée de neuf mois, en 2018 après l’entrée en vigueur d’une nouvelle réglementation.

Les restrictions liées aux jeux vidéo ne datent donc pas d’hier en Chine. Depuis plusieurs mois, elle durcit sa réglementation à l’égard des jeux vidéo, et plus globalement des géants technologiques, englobant certains créateurs et studios. Plusieurs lois régissent l’utilisation de jeux vidéo. Une nouvelle législation sur les données personnelles est tout d’abord entrée en vigueur, la Personal Information Protection Law (PIPL), très proche du RGPD européen. Les entreprises technologiques sont contraintes, par ce texte, de se plier aux agences de surveillance chinoises.

Dans le même temps, le pays dirigé par Xi Jinping a adopté une loi concernant les joueurs mineurs. Depuis cet été, les chinois de moins de 18 ans ne sont plus libres de jouer comme ils l’entendent, leur temps de jeu étant encadré et limité à une heure par jour durant les week-ends. Durant la semaine, la limite est fixée à trois heures. Les grandes sociétés qui développent des jeux en ligne, comme Tencent, doivent elles-mêmes limiter cette durée. D’après Pékin, il s’agit de mesures permettant de lutter contre la dépendance.

Aucune explication, ni aucune information sur une éventuelle reprise de l’approbation de nouvelles licences, n’ont été données par la NPPA. Habituellement, elle autorise entre 80 et 100 nouveaux jeux, au milieu ou à la fin de chaque mois et ce depuis mai 2019.

Les plus grands marchés de jeux vidéo par chiffre d’affaires

La Chine est le premier marché dans le secteur des jeux vidéo. Les restrictions ont donc un impact très important sur les entreprises. Image : Marketing to China.

Les conséquences économiques de ces changements sont importantes, notamment parce que la Chine est le plus grand marché de jeux vidéo au monde. L’innovation et le développement sont aussi impactés et entravés. En 2019, la Chine était déjà le plus grand marché, avec un chiffre d’affaires de 20,5 milliards d’euros, d’après Marketing to China, qui l’estime à 23,3 milliards en 2023, loin devant les États-Unis.

14 000 entreprises fermées

Les conséquences économiques de ces mesures, ainsi que de la prolongation du gel des nouvelles licences approuvées, sont importantes, y compris pour des acteurs chinois. Plusieurs milliers de sociétés et de studios ont ainsi dû fermer. Concrètement, 14 000 ont fermé leurs portes et ont été radiées du registre des entreprises depuis le seul mois de juillet, selon un rapport publié vendredi 31 décembre par Securities Daily. Ce chiffre représente une augmentation conséquente, puisque sur l’ensemble de l’année 2020, 18 000 entreprises ont stoppé leur activité.

Les géants sont eux aussi touchés. TikTok, Baidu ou encore Tanwan s’attendent d’ores et déjà à subir de grosses pertes financières. Plusieurs de ces entreprises ont ainsi prévu de licencier des employés travaillant dans les divisions relatives aux jeux vidéo. Baidu a notamment prévu de se séparer de près de 100 personnes, d’après South China Morning Post.

D’autres, comme Tencent et NetEase, tentent de compenser les pertes en investissant davantage les marchés étrangers. Tencent, qui détient la plus grande entreprise de jeux vidéo au monde via Tencent Games et ses filiales (comme Supercell), compte par exemple ouvrir un nouveau studio à Singapour. La société de Pony Ma va pour cela s’appuyer sur sa filiale TiMi Studio, entre autres à l’origine de Call of Duty : Mobile. TiMi est déjà implanté à Seattle, Los Angeles et Montréal.

Outre la protection des plus jeunes, le durcissement de la réglementation en Chine permet également au pouvoir de réguler les grandes entreprises technologiques, à l’image de ce qui a déjà été fait avec la PIPL et dans d’autres secteurs. Les pertes occasionnées fragilisent des sociétés souvent en position de monopole et renforce la position des autorités de régulation. La répression touche aussi des jeux et studios étrangers comme Epic Games, qui a récemment retiré Fortnite de Chine.