La Commission européenne a ouvert une enquête « approfondie » sur le rachat d’ARM par Nvidia le 27 octobre. L’opération de 54 milliards de dollars annoncée il y a un peu plus d’un an inquiète plus d’une autorité de la concurrence, c’est le cas au Royaume-Uni ou en Chine.
L’enquête approfondie, une décision à laquelle il fallait s’attendre
La décision ne prendra pas les spécialistes de la question au dépourvu tant cela semblait écrit. Fin août, les rumeurs couraient déjà sur une enquête informelle menée par l’autorité de la concurrence européenne. Elle n’a pu être officialisée que lorsque Nvidia a officiellement notifié l’opération à la Commission, le 8 septembre.
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Les craintes sont connues. ARM et Nvidia ne sont pas des concurrents directs, mais Nvidia est en concurrence avec un certain nombre d’entreprises fournies par ARM. Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive de la Commission européenne chargée de la politique de concurrence, explique « la propriété intellectuelle d’ARM est un intrant important dans les produits concurrents de ceux de NVIDIA, par exemple dans les centres de données, l’automobile et l’internet des objets ».
La Commission estime que l’opération pourrait aboutir à restreindre l’accès à la technologie d’ARM, à une hausse des prix, à une diminution du choix de produits, à un affaiblissement de l’innovation dans le secteur des semi-conducteurs.
Nvidia pourrait être tenté de verrouiller ne serait-ce que partiellement ses produits les plus perfectionnés à ses concurrents. Ces derniers peuvent être réticents à partager des informations commerciales sensibles avec ARM pour aider au développement des produits. Nvidia pourrait également se recentrer sur les produits ARM les plus rentables pour lui et délaisser d’autres secteurs.
Nvidia n’a pas su convaincre la Commission européenne
L’entreprise américaine a fait valoir ses arguments au cours d’une présentation le 6 octobre sur les problématiques soulevées par l’enquête préliminaire de la Commission. L’autorité de la concurrence européenne a estimé qu’ils ont été « insuffisants pour dissiper clairement ses doutes sérieux quant aux effets de l’opération ».
Nvidia assure dans une déclaration relayée par Reuters que la transaction « contribuera à accélérer ARM et à stimuler la concurrence et l’innovation, y compris dans l’UE ». L’entreprise indique qu’elle travaillera « en étroite collaboration avec la Commission européenne tout au long du processus réglementaire » pour la convaincre du bien-fondé de ses arguments. La conclusion de l’enquête approfondie est attendue le 15 mars 2022.