Depuis des années, l’Empire du Milieu travaille sur sa monnaie numérique de banque centrale, dont le rythme a récemment quelque peu accéléré. En octobre, une immense loterie avait été organisée à Shenzhen pour tester les comportements de consommation des utilisateurs, et les aspects pratiques de la monnaie. Quelques semaines plus tard, la Banque Populaire de Chine (BPC) avait amendé ses règles pour y inclure la possibilité légale d’un yuan numérique, plus connu dans le pays sous la dénomination DCEP (Digital Currency Electronic Payment). Cette monnaie, proposant un yuan entièrement numérique, s’inscrit dans l’impulsion que la Chine souhaite donner à son plan quinquennal (2021-2025), qui insiste lourdement sur la science, la technologie, et l’innovation.
Dans cette lancée, le 9 novembre 2020, le China Daily rapporte ainsi la volonté de la Banque Populaire de Chine de conserver les transactions sur une base de données centralisée, affinant le dessin de sa MNBC. En optant pour cette conception centralisée, la BPC ne dirigera pas seulement le système d’émission et de gestion de la monnaie numérique du pays, mais elle contrôlera également le quota d’émission et appliquera des normes techniques et de sécurité. On parle alors d’un “Centralized Ledger”, qui pourrait être représenté par un grand livre de registre que tiendrait la Banque Centrale. Cela s’oppose au “Distributed Ledger” qu’utilise par exemple le bitcoin, où toute personne est autorisée à écrire et consulter le registre.
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La Banque Populaire de Chine aurait choisi un cadre de conception à deux niveaux pour son yuan numérique, qui lui permettra à la banque de fournir d’abord la monnaie aux banques commerciales, puis aux utilisateurs. Cette approche résout de manière efficace les problèmes qui avaient été soulevés concernant la désintermédiation financière, selon Fan Yifei, vice-gouverneur de la BPC. En effet, une monnaie numérique n’est naturellement pensée que pour être gérée par une banque centrale. Se pose alors la question de l’avenir et du rôle des banques privées, qui aujourd’hui émettent la majeure partie de l’argent utilisé. La Chine y répond en créant un rôle “ad hoc” des banques commerciales pour ce qui est de la monnaie numérique.
Certaines villes en plus de Shenzhen ont rejoint les essais du yuan numérique, à l’approche des Jeux olympiques d’hiver de 2022 en Chine. Depuis l’amendement de la BPC, qui autorise la circulation dans la juridiction nationale, il a attiré l’attention du monde entier. La DCEP que la Chine est sur le point de mettre largement en place marque un nouveau chapitre dans le développement de la technologie financière chinoise (la “fintech”), qui est déjà parmis les leaders pour ce qui regarde les paiements électroniques (l’usage du cash est en baisse constante), le microcrédit, ou le financement participatif innovant. De plus en plus de commerçants se préparent à la nouvelle page que représentera le yuan numérique, et beaucoup ne souhaitent pas rater le coche. Yi Zhaoxia, directeur d’un magasin du groupe Shenzhen Publication & Distribution dans le district de Luohu, où la loterie avait été lancée, a déclaré qu’il avait mis à jour le système d’exploitation des points de vente pour traiter la monnaie numérique.
Dans un rapport de la Banque des Règlements Internationaux en Janvier 2020, on a pu lire que 80% des banques centrales majeures du monde seraient en recherche active sur la MNBC. La Chine, comme le montrent ces derniers affinages de son design, souhaitent bien faire partie des premiers sur la ligne d’arrivée.