Depuis au moins deux ans, le leader du commerce en ligne développe un moyen de paiement grâce à un système d’identification biométrique de la main. Amazon One est déjà déployée à Seattle – ville dans laquelle se trouve le siège de la structure de Jeff Bezos – dans deux magasins Amazon Go. Désormais, il est donc possible de payer dans ces magasins en passant simplement une main au-dessus d’un appareil équipé d’un scanner.

L’appareil se base sur la forme globale de la paume pour la différencier des autres objets, comme un portable. Quand Amazon One détecte la paume, il analyse l’empreinte palmaire – empreinte digitale de la main – puis il passe à la reconnaissance des veines. Même des jumeaux identiques ont des paumes différentes.

L'appareil Amazon One

Photo : Amazon

Le développement d’Amazon One se poursuivra dans les autres points de vente Amazon Go à Chicago, San Francisco, New York et Seattle. Whole Foods, chaîne de supermarchés achetée par Amazon en 2017, pourrait également être équipée du nouveau dispositif. Les utilisations d’Amazon One devraient se multiplier : cartes de fidélité, places de concert, etc. Selon le vice-président de la distribution physique et des technologies d’Amazon, Dilip Kumar, l’entreprise serait en discussion pour relier son nouveau dispositif à des cartes d’identification, par exemple pour accéder à un bâtiment. En janvier 2020, le Wall Street Journal dévoilait qu’Amazon travaillait avec Visa. « Dans la plupart des espaces commerciaux, Amazon One pourrait devenir un moyen de paiement alternatif ou une option carte de fidélité avec un appareil à la caisse aux côtés du système de paiement traditionnel », détaille Dilip Kumar dans un billet.

Amazon One face aux données personnelles et à la vie privée

À l’heure où la reconnaissance faciale est sujette à des controverses, notamment sur la vie privée, l’utilisation de la main – et non du visage – aurait ses avantages : des caractéristiques biologiques propres à chacun, une approche moins intrusive ou encore la nécessité d’un geste intentionnel pour payer. Aussi, une reconnaissance par la main ne permettrait pas d’identifier directement un individu. Si cette affirmation est vraie pour le commun des mortels, elle l’est moins pour Amazon. Bien qu’aucun compte Amazon ne soit requis pour utiliser Amazon One, le dispositif sera relié à un numéro de téléphone et de carte de crédit de l’utilisateur.

« Nous prenons au sérieux la sécurité des données et le respect de la vie privée et toute donnée sensible est traitée en accord avec nos politiques de longue date », certifie Amazon. Pour garantir cette sécurité, les images des paumes seront chiffrées et envoyées vers des espaces sécurisés dans le cloud. Les données ne seront donc pas stockées directement sur l’appareil du magasin. Ainsi, elles seront protégées d’une éventuelle intrusion par un tiers malveillant, mais, techniquement, elles pourront être utilisées par Amazon en interne. Toutefois, le porte-parole de la marque a déclaré qu’Amazon « n’envisage pas d’utiliser les informations sur les transactions effectuées dans des magasins tiers à des fins publicitaires ou autres ».

La marque a déclaré collecter uniquement des données sur les magasins dans lesquels les utilisateurs d’Amazon One paieront, sans connaître ni le montant ni le contenu des achats. Aussi, un utilisateur pourra demander la suppression des données associées au service Amazon One. En admettant que la technologie arrive sur le vieux continent, en droit européen le RGPD est censé permettre la suppression de données, mais l’application de ce point du règlement est souvent complexe. L’engagement d’Amazon est donc un point positif, même s’il n’efface pas toutes les inquiétudes : Amazon One pose des questions sur la vie privée, d’éventuels piratages ou encore sur la violation des données.

Aux États-Unis, Amazon capte 40% des transactions d’e-commerce. Avec Amazon One, le géant du e-commerce arrive dans le monde physique, qui représente aujourd’hui 80% des transactions commerciales aux États-Unis. Les perspectives s’annoncent donc fructueuses.