Depuis 2016 la biotechnologie CRISPR fait parler d’elle dans bien des secteurs. Si l’on envisage de l’utiliser dans le cadre de traitement contre le cancer, ou pour lutter contre le VIH, d’autres applications sont à prévoir. C’est notamment le cas de l’agriculture.

L’édition génétique végétale est déjà bien avancée et se présente comme une seconde vague d’innovation dont les protagonistes souhaitent se démarquer de la réputation sur les OGM. Calyxt, succursale du groupe pharmaceutique français Cellectis y travaille avec soin. Par exemple, elle se concentre sur l’huile de soja et tente de couper le gène responsable de la présence de gras trans. Néanmoins, en France et en Europe l’arrivée de telles solutions est encore dans le débat. Ceci permet de faire émerger des acteurs sur d’autres continents, surtout aux États-Unis et en Chine, où la génétique animale avance.

CRISPR permettant des modifications simples, rapides, et moins onéreuses, quelques éleveurs se prêtent aux rêves d’avoir des bêtes améliorées. À la Northwest A&F University, à Xianyang, un groupe a travaillé sur une édition permettant à des vaches de résister à la tuberculose bovine. Ce problème reste important dans les pays en développement où la non-pasteurisation du lait permet de transmettre des maladies à l’Homme. On peut également envisager la même chose pour le syndrome dysgénésique et respiratoire du porc (SDRP). Cette maladie coûte plus de 600 millions de dollars par an aux agriculteurs aux États-Unis.

Avoir des sujets naturellement résistants permettrait d’améliorer les productions sur de nombreux aspects. Si la génétique porcine existe déjà, mais de façon naturelle en France, une approche scientifique via CRISPR sera intéressante. S’il y a moins de maladies, il y a moins de perte, donc un éleveur consomme moins de ressources pour produire 1kg de viande, et on verrait apparaître moins de résistances aux antibiotiques.

Dans un long reportage, le Washington Post présentait le projet de recherche de l’Université de Californie. Les chercheurs souhaitent donner naissance à des bovins de sexe féminin, mais avec des caractéristiques génétiques de mâles. Ces derniers gagnent en poids et donc en viande d’une manière « plus efficace » comparés à leurs congénères du sexe opposé. Si cette approche est discutable, d’autres projets intéressants se développent en Chine.

L’édition génétique ne doit cependant pas être vue comme une solution miracle pour l’occident qui consomme certainement trop de viande. De plus, il s’agira de poser un cadre légal strict pour ne pas voir émerger des projets éloignés de la morale et du bien-être animal. Le débat autour de CRISPR reste sensible, dans de nombreuses situations.