Célèbre et historique émission d’actualité aux États-Unis, « 60 minutes » de CBS News a consacré un sujet à l’action de Gina Raimondo, secrétaire au Commerce de l’administration Biden. Cette dernière a défendu l’efficacité de la politique du gouvernement sur les semi-conducteurs, thématique centrale de l’interview.

L’introduction de l’émission est flatteuse, l’ancienne gouverneure du Rhode Island est présentée comme celle qui a revitalisé le département du Commerce. Au nom de la sécurité nationale ou de la réindustrialisation, Gina Raimondo a occupé une place significative au sein du gouvernement démocrate.

Dans ces deux domaines, ce sont les semi-conducteurs qui ont occupé une place centrale. « Si vous pensez sécurité nationale en 2024, ce n’est pas seulement les tanks, c’est la technologie, ce sont les semi-conducteurs, c’est l’IA, ce sont les drones… » analyse-t-elle, avant d’affirmer que la technologie c’est le domaine de son ministère.

Gina Raimondo est passée devant les caméras de CBS News pour rassurer et défendre son bilan alors que la présidentielle approche. « Nous possédons les semi-conducteurs les plus sophistiqués au monde. Ce n’est pas le cas de la Chine. Nous avons surpassé la Chine en matière d’innovation », avance-t-elle. Elle a également mentionné les contrôles aux exports vers la Russie, en partageant une anecdote « nous avons entendu des histoires de Russes retirant les semi-conducteurs des réfrigérateurs, des lave-vaisselle… »

La journaliste américaine Lesley Stahl introduisant son interview de Gina Raimondo.

La journaliste américaine Lesley Stahl introduisant son interview de Gina Raimondo. Image : 60 Minutes / CBS News

Son administration a mené, à partir d’octobre 2022, une vaste campagne de contrôle aux exports pour limiter l’accès de la Chine aux semi-conducteurs avancés, au-delà de 14nm. Lorsque Huawei a annoncé la sortie de son smartphone Mate 60 Pro, en août 2023, Gina Raimondo est en visite en Chine. L’appareil est doté d’une puce de 7nm, de fabrication chinoise. Les républicains se déchaînent.

Une certaine frange des conservateurs ne rate pas l’occasion de dénoncer le laxisme de leurs opposants envers Huawei. L’entreprise a été placée sur liste noire par Donald Trump en 2019. L’Entity List, de son nom, n’interdit pas à Huawei de commercer avec une société américaine, mais celle-ci doit obtenir une licence. Elle serait trop facile à obtenir.

C’est le bureau de l’industrie et de la sécurité (BIS), dépendant du département du Commerce, qui gère ces questions. En première ligne, Gina Raimondo a voulu montrer sa fermeté, « Quand je leur dis qu’ils [ndlr : les industriels américains] ne peuvent pas vendre leurs semi-conducteurs en Chine, ils n’aiment pas ça, mais je le fais ».

Elle relativise également la performance de Huawei, dont la puce serait « des années en retard par rapport à ce que nous avons aux États-Unis ». Les nœuds les plus avancés sont effectivement à 3nm et une entreprise comme Intel espère rapidement arriver à des niveaux encore inférieurs.

Seulement, les entreprises qui ont déjà atteint ce niveau, Samsung et TSMC, sont basées en Asie. L’occasion pour la démocrate de défendre le volet emploi et réindustrialisation de son gouvernement, avec le Chips and Science Act. Le texte en visant à assurer la chaîne d’approvisionnement des États-Unis est aussi présenté comme une cause de sécurité nationale.

Le texte aurait permis 200 milliards de dollars d’investissements privés dans les semi-conducteurs sur le territoire. La secrétaire au Commerce a passé ses dernières semaines à dévoiler le montant des aides destinées aux principaux acteurs du secteur.