La sortie du Mate 60 Pro en septembre, le dernier smartphone de Huawei, a suscité du remous à Washington. Elle a mis en évidence que les lourdes sanctions américaines sur l’export vers la Chine dans le domaine des semi-conducteurs ne suffisaient pas. L’administration Biden a donc décidé de resserrer l’étau sur le fournisseur de puces avancées de Huawei, la Semiconductor Manufacturing International Corp (SMIC).

Les semi-conducteurs, un sujet sensible

En septembre, quelques jours après la sortie du fameux téléphone, un élu influent des républicains, Mike Gallagher, a demandé très solennellement de « mettre fin à toutes les exportations de technologies américaines vers Huawei et la SMIC ». Selon les informations de Reuters, il a été, au moins partiellement, entendu par le gouvernement démocrate.

Le département du Commerce a envoyé des dizaines de lettres aux fournisseurs de l’unité avancée SMIC South pour qu’ils cessent leurs ventes l’année passée. Des millions de dollars de contrats auraient été annulés.

L’agence de presse mentionne le cas d’Entegris. Cette société est spécialisée dans les filtres, gaz, produits chimiques et autres destinés à manipuler les Wafer. Il s’agit des plaquettes sur lesquels sont gravées les puces, dont la pureté doit être extrême. L’entreprise dit s’être conformée aux exigences de Washington.

SMIC figure sur l’Entity List, la liste noire du département du Commerce depuis 2020 pour ses liens supposés avec l’armée chinoise. La présence sur cette liste n’interdit pas de fait toute relation commerciale avec des sociétés américaines. Elle impose cependant d’obtenir une licence pour se faire.

SMIC continu à vivre malgré l’Entity List

Le nombre de licences octroyées à des entreprises chinoises, Huawei et SMIC en particulier, fait débat depuis cette décision. En 2021, un élu républicain, Michael McCaul, révélait déjà que 188 sésames avaient été obtenus par des entreprises américaines, pour une valeur estimée à 42 milliards de dollars.

La capacité de SMIC de fournir à Huawei des puces avancées, malgré les multiples mesures prises par l’administration Biden depuis octobre 2022, à, semble-t-il, inquiéter à Washington. Malgré une sérénité affichée, cette information montre que des mesures fermes ont été promptement adoptées.

L’ambassade de Chine à Washington dénonce dans cette décision « une véritable intimidation économique ». Son porte-parole a répété la position officielle de Pékin sur les sanctions américaines dans les semi-conducteurs, « Nous exhortons la partie américaine à cesser d’étendre à l’excès le concept de sécurité nationale et d’abuser du pouvoir de l’État pour réprimer les entreprises chinoises ».