Margrethe Vestager a déclaré le 29 décembre dernier que la nouvelle loi européenne sur l’intelligence artificielle (IA) permettrait d’assurer une « sécurité juridique » pour les start-up spécialisées dans le secteur. La commissaire européenne à la concurrence a tenu à défendre l’AI Act, sous le feu des critiques du président de la république Emmanuel Macron et de son gouvernement.

L’AI Act : un accélérateur ou un frein pour l’innovation au sein de l’UE ?

Margrethe Vestager a cherché à rassurer les détracteurs, affirmant que l’AI Act ne nuirait pas à l’innovation et à la recherche, mais au contraire les améliorerait. Pour elle, ce nouveau cadre législatif permettra aux développeurs d’avoir toutes les clés légales leur permettant de concevoir leurs solutions, tout en étant conscient des risques qui en découlent.

En se mettant d’accord sur une version définitive de l’AI Act, le 8 décembre dernier après plusieurs dizaines d’heures de négociations, le trilogue a réussi à définir les contours de la première réglementation sur l’IA jamais actée. Si la nouvelle est historique, elle ne semble pas avoir contenté tout le monde. Quelques jours seulement après l’annonce de l’accord, Emmanuel Macron s’est montré très critique envers le texte, estimant qu’il briderait l’innovation des start-up dans le domaine de l’IA.

Pour le chef d’État, l’AI Act imposera le régime le plus strict au monde aux modèles de fondation, créant d’importantes barrières aux entreprises de l’UE pour leur développement. La France pense notamment à sa pépite, Mistral AI, dont les modèles de langage présentent des résultats très encourageants. « Nous pouvons décider de réglementer beaucoup plus rapidement et beaucoup plus fort que nos principaux concurrents, mais nous régulerons des choses que nous ne produirons ni n’inventerons plus. Ce n’est jamais une bonne idée, » pointait Emmanuel Macron.

De son côté, Jean-Noël Barrot, le ministre délégué chargé de la transformation numérique, a garanti qu’il serait « très vigilant à ce que le règlement européen sur l’intelligence artificielle ne vienne compromettre la capacité de nos entreprises à innover ». L’Élysée aimerait que l’Union européenne revienne sur le système de classification présent dans l’AI Act, permettant de juger la dangerosité et la complexité des outils d’IA générative.

En janvier, plusieurs discussions techniques, visant à peaufiner certains détails mineurs du texte devraient avoir lieu. Celles-ci pourraient bien être plus tendues que prévu, et ce, malgré la mise en garde de Thierry Breton, Commissaire européen au marché intérieur, certifiant que le texte a été agréé et qu’il n’était plus ouvert à la discussion.