L’accord trouvé par le trilogue sur l’AI Act ne satisfait pas tout le monde. Lors d’un événement à Toulouse, Emmanuel Macron s’est montré critique envers le texte, estimant qu’il allait brider l’innovation des start-up européennes dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA).

L’encadrement des modèles de fondation fait débat

Les négociateurs se sont mis d’accord, ce vendredi, après plus de trente-sept heures de débat. Si le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, considère le texte comme « une rampe de lancement pour les start-up et les chercheurs de l’UE qui mèneront la course mondiale à l’IA », tout le monde n’est pas du même avis.

Outre l’usage d’outils de reconnaissance biométriques, la réglementation de l’IA générative a également été un sujet à friction au cours des négociations. Même après que les législateurs ont trouvé un consensus, la France ne semble pas convaincue. « Je serai très vigilant à ce que le règlement européen sur l’intelligence artificielle ne vienne compromettre la capacité de nos entreprises à innover », lançait hier Jean-Noël Barrot, ministre délégué au numérique, sur le plateau de Franceinfo.

Plus tard dans la journée, le président allait dans le même sens que son ministre. « Nous pouvons décider de réglementer beaucoup plus vite et beaucoup plus fort que nos principaux concurrents. Mais nous allons réglementer des choses que nous ne produirons ou n’inventerons plus. Ce n’est jamais une bonne idée », a asséné Emmanuel Macron, rapporte le Financial Times.

La cause de la discorde : l’encadrement des modèles de fondation, c’est-à-dire les technologies qui alimentent les IA comme ChatGPT ou Bard. Dans un souci de préserver leurs champions nationaux, la France, l’Allemagne et l’Italie plaidaient pour une réglementation bien plus souple de ceux-ci, avec une approche plus centrée sur les outils selon leurs risques. L’AI Act mélangera finalement les deux procédés.

Des risques pour l’AI Act, qui n’a pas encore été ratifié

Selon le président, le texte imposera le régime le plus strict au monde aux modèles de fondation, imposant d’importantes barrières aux entreprises locales. Il estime que la réglementation pourrait ralentir les efforts de jeunes pousses comme Mistral AI. « La meilleure protection que l’on peut offrir aux citoyens européens, c’est de mettre entre leurs mains des intelligences artificielles conçues en Europe » a, pour sa part, affirmé Jean-Noël Barrot.

Ces déclarations pourraient présager une nouvelle bataille sur les termes définitifs de l’AI Act, le texte devant encore être ratifié par les États membres au cours des prochaines semaines. Les représentants du secteur de la tech européen sont d’ailleurs en accord avec le gouvernement français. Cecilia Bonefeld-Dahl, directrice générale de DigitalEurope, a ainsi rappelé que son organisme était favorable « à une approche fondée sur les risques et basée sur les utilisations de l’IA, et non sur la technologie elle-même ».

En parallèle, la performance que vient de réaliser Mistral AI lors de son tour de table démontre que les investisseurs ne sont pas réellement freinés par la législation. Du moins, pour le moment.