Le gouvernement va prélever une taxe sur les plateformes de streaming musical dès 2024, avec l’objectif de financer la filière en France. Les premiers concernés, Spotify en tête, dénoncent une mesure « inéquitable » qui profitera aux géants américains.

Les modalités exactes de la taxe pas encore dévoilées

Emmanuel Macron envisageait cette solution dès juin, après un rapport du sénateur Julien Bargeton rendu deux mois plus tôt. Il préconisait une taxe de 1,75 %, aussi bien sur les revenus du streaming musical payant que le gratuit financé par la publicité. Objectif : financer le Centre national de la musique (CNM), instance créée en 2020 pour soutenir la filière musicale française.

Le président indiquait alors qu’une taxe serait imposée si la filière n’avait pas atteint un consensus sur de nouvelles méthodes de financement de la création, fixant le 30 septembre 2023 comme délai ultime. Les plateformes de streaming réunissant notamment Apple, Deezer, Meta, Spotify, YouTube et TikTok, ont affirmé dans un communiqué commun avoir trouvé un accord visant à mobiliser « plus de 14 millions d’euros » en 2025.

« Il semble que le gouvernement a cédé à la pression du lobby du spectacle vivant et de certains parlementaires », a dénoncé Antoine Monin, directeur général de Spotify France sur Franceinfo. Si les modalités exactes de la taxe n’ont pas été détaillées, le ministère de la Culture a fait savoir que la contribution sera « basée sur un très faible taux de prélèvement sur le chiffre d’affaires des plateformes ».

Cette taxe a fait l’objet d’un vote positif au Sénat en novembre. « Après arbitrage du gouvernement, le projet de loi de finances pour 2024 confirmera la création d’une contribution des plateformes de streaming », a indiqué le ministère.

Spotify menace de réduire ses investissements en France

Les services concernés ont rapidement réagi. « L’adoption de cette taxe est vraiment un coup dur porté au secteur de la musique, à l’innovation et aux plateformes indépendantes européennes comme Spotify ou Deezer », a regretté Antoine Monin. Il fustige « une monumentale erreur stratégique qui va à l’encontre des enjeux de souveraineté économique, culturelle et technologique européenne ».

Selon le DG, la mise en place d’une taxe profitera surtout aux grandes plateformes américaines. Amazon Music, Apple Music ou encore YouTube Music sont des entreprises rentables aux revenus colossaux. Fondée en Suède en 2006, Spotify, si elle domine le secteur du streaming musical, peine à franchir le seuil de rentabilité.

Une telle mesure pourrait pousser l’entreprise à revoir ses priorités. « Honnêtement, Spotify aura les moyens d’absorber cette taxe, mais Spotify désinvestira la France et investira sur d’autres marchés. La France n’encourage pas l’innovation et l’investissement », a asséné Antoine Monin, ajoutant que « la France ne sera plus une priorité pour Spotify ». Si pour l’heure, aucune hausse des coûts d’abonnement n’est envisagée, elle pourrait être établie à « 10 % » pour compenser la contribution.