Mark Zuckerberg s’est chargé lui-même d’annoncer la nouvelle sur Facebook le 6 décembre : le déploiement du chiffrement de bout en bout par défaut de Messenger a commencé. Le PDG de Meta l’avait promis en 2019, entretemps plusieurs tests ont été lancés et l’infrastructure technique de l’application a été profondément remaniée.

Meta utilise le protocole Signal

« Nos ingénieurs, cryptographes, concepteurs, experts en politiques et chefs de produit ont travaillé sans relâche pour reconstruire les fonctionnalités de Messenger à partir de zéro », s’est enthousiasmée dans un billet de blog Loredana Crisan, la responsable du service de messagerie chez Meta.

Les conversations entre les utilisateurs vont être protégées par défaut de la curiosité de personnes extérieures, y compris des gouvernements et de l’entreprise elle-même. Pour ce faire, elle est passée via le protocole Signal, utilisé pour le chiffrement de la messagerie éponyme.

Messenger se rapproche ainsi de WhatsApp, propriété de Meta, qui bénéficie de cette protection depuis 2016. Instagram devrait également être concerné en 2024 selon les informations du Wall Street Journal, sans plus de précision. Meta en a profité pour ajouter diverses fonctionnalités comme les notifications lorsque son interlocuteur a ouvert son message, les vocaux, la possibilité de laisser des mots éphémères ou encore de modifier, jusqu’à 15 minutes après l’envoi, son contenu.

Loredana Crisan parle de la « plus grande série d’améliorations apportées à Messenger depuis son lancement en 2011 ».

Messenger

Système d’édit introduit dans Messenger. Crédit : Meta

Meta travaille sur ce projet depuis des années. De premiers tests ont été effectués en 2016, mais c’est trois ans plus tard que Mark Zuckerberg s’est formellement positionné sur le sujet. En 2021, le chiffrement optionnel des visio et vocaux a été proposé, celui des discussions de groupes est arrivé en janvier 2022, en août 2022 c’est au tour des discussions individuelles et un an après l’entreprise a confirmé sa volonté de rendre cette option par défaut. Elle reste optionnelle pour les échanges de groupe.

Les autorités craignent le chiffrement de bout en bout

Cette décision ne fait pas que des heureux. Dès 2019, William Barr, alors procureur général des États-Unis, avait pris la plume pour dire à Meta tout le mal qu’il voyait derrière cette mesure. Les autorités estiment que le chiffrement, réclamé par les associations pour les droits civiques, va nuire aux enquêtes criminelles allant du terrorisme à la pédophilie.

Une position formalisée par un communiqué d’avril de la Virtual Global Task Force concernant la politique de Meta. Il s’agit d’une alliance internationale d’agences telles que le FBI, Interpol ou Europol. Tout en reconnaissant le rôle important du respect de la vie privée, elle estime que cela doit être mis en balance avec la sécurité des enfants. L’organisation souligne « l’impact dévastateur » que le chiffrement de bout en bout « peut avoir sur la capacité des forces de l’ordre à identifier, poursuivre et juger les contrevenants ». Meta n’a pas précisé si des mesures ont été prises pour répondre à ces inquiétudes.