Le parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête sur les agissements d’environ 200 salariés de Bpifrance, en juillet dernier. En participant à un fonds d’investissement créé par la banque publique, ils auraient potentiellement commis un délit de prise illégale d’intérêts.
Les 200 collaborateurs de la banque publique ont-ils confondu intérêt public et privé ?
Cette affaire révélée par Marianne le 17 juillet dernier implique un des fonds d’investissement de la banque publique baptisé Bpifrance Entreprises 1 (BE1). Elle invitait n’importe quel particulier à investir au minimum 5 000 euros dans une ou plusieurs des 1 500 entreprises soutenues par Bpifrance via des fonds partenaires. Lancée en septembre 2020, la valeur de ce produit financier avait dépassé la barre des 190 millions d’euros à la fin de l’année 2022, alors qu’il ne valait que 94,5 millions d’euros à ses débuts.
Inscrivez-vous à la newsletter
En vous inscrivant vous acceptez notre politique de protection des données personnelles.
En tout, 4 000 Français y ont souscrit, dont 200 des 3 500 salariés de Bpifrance. Parmi les participants, le directeur général de la banque d’investissement, Nicolas Dufourcq, ainsi que son comité exécutif. En tout, ils ont investi 3,3 millions d’euros dans BE1. L’Autorité des Marchés financiers qui régule le fonds avait accepté que les collaborateurs de Bpifrance puissent s’impliquer dans ce produit.
Dans son rapport sur Bpifrance publié en juin, la Cour des comptes précise qu’elle a pris le temps d’analyser le risque de prise illégale d’intérêt autour de BE1, jugeant qu’il n’existait pas. Malgré tout, la juridiction financière française a émis un signalement à destination du PNF qui a décidé, de son côté, d’ouvrir une enquête préliminaire. Celle-ci a été confiée à l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), spécialisée dans les délits de prise illégale d’intérêt.
Nicolas Dufourcq nie toute prise illégale d’intérêt, la banque publique joue la carte de la prudence avec BE2 et BE3
De son côté, Nicolas Dufourcq conteste toute allégation à ce sujet. « Nous, salariés de Bpifrance, n’avons eu aucun avantage particulier par rapport aux autres souscripteurs. Nous avons participé à l’opération, pour montrer l’exemple et parce que nous y croyons, comme les 3 800 autres souscripteurs au final, » déclarait le directeur général de la banque d’investissement à Ouest-France.
En février 2022, Bpifrance a lancé un autre fonds d’investissement à destination des particuliers, BE2. Elle travaille également sur la construction de son nouveau produit financier, BE3. Désormais, les collaborateurs de la banque publique n’ont pas le droit de souscrire à l’un de ces deux produits. « Nous avons voulu limiter les risques potentiels de réputation liés à la concomitance de l’exercice de missions publiques et de la réalisation d’un investissement, et ce même en l’absence d’obstacle juridique, » indique Nicolas Dufourcq aux Échos.
Contacté par Siècle Digital, BpiFrance a répondu à notre sollicitation. La banque publique d’investissement précise qu’elle s’est « tout de suite inscrite en faux contre les accusations du journal Marianne » . Poue elle, « il n’y a pas eu de prise illégale d’intérêt, pas d’information privilégiée et encore moins de « braderie » du patrimoine de Bpifrance ».