« Le nouvel accord Microsoft/Activision répond aux préoccupations précédentes de la CMA », le titre du communiqué du 22 septembre de l’Autorité de la concurrence et des marchés britanniques (CMA), a dû être accueilli par quelques exclamations de joie du côté de Redmond, siège de Microsoft. Le feu n’est pas encore vert, mais cela devrait ne plus tarder.

Le boss final rend les armes

L’antitrust Britannique était la dernière autorité à bloquer le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft pour 69 milliards de dollars, le plus important de l’histoire du jeu vidéo. Si la décision du jour est provisoire, une consultation doit toujours être organisée, les deux sociétés peuvent raisonnablement se montrer optimistes. La CMA elle-même évoque de simples « préoccupations résiduelles limitées » à résoudre.

Révélé en janvier 2022, le rachat de l’un des plus grands éditeurs de jeux vidéo de la planète, par l’une des trois plus puissantes entreprises de l’industrie a fait frissonner les autorités de la concurrence. Sous la pression combinée de la Commission européenne, la Federal Trade Commission aux États-Unis et, donc, la CMA, Microsoft a dû montrer patte blanche.

Le géant américain a dû s’engager auprès de ses concurrents de leur laisser un accès aux licences phares d’Activision Blizzard, comme Call of Duty ou Overwatch. Ces mesures, et quelques autres lui ont permis d’obtenir la validation de la Commission européenne en mai. En juillet, la Federal Trade Commission a, elle, perdu sa contestation du rachat devant la justice.

Il ne restait plus que la CMA comme entrave au projet. L’autorité britannique a jugé les efforts de Microsoft insuffisants en avril sur un point particulier : le cloudgaming. Le secteur des jeux disponibles via le cloud est en pleine explosion, notamment tiré par l’entreprise américaine. 

La CMA a estimé qu’en rachetant un éditeur aussi important, et son offre de jeux disponible dans le cloud, les joueurs britanniques pourraient subir des prix plus élevés, moins de choix et que l’innovation serait bridée.

Microsoft et Activision en mode « Die and Retry »

En août, Microsoft a formulé une nouvelle proposition pour rassurer le régulateur : Activision va céder le droit de ses jeux cloud à un rival, le français Ubisoft, pour 15 ans au minimum. C’est cette proposition que vient de juger satisfaisante la CMA. « Microsoft a considérablement restructuré l’accord, en prenant les mesures nécessaires pour répondre à nos préoccupations initiales », a concédé Sarah Cardell, directrice générale de la CMA.

Brad Smith, président de Microsoft, a salué « une évolution positive dans le processus d’examen de la CMA ». Bobby Kotick, PDG d’Activision, c’est, de son côté, dit « impatients de travailler avec Microsoft pour achever le processus d’examen réglementaire ».

La directrice de l’antitrust Britannique a toutefois saisi l’occasion pour adresser un tacle à Microsoft et probablement plus largement aux grandes entreprises du numérique. Elle rend responsables les parties prenantes du délai pris par la validation de l’opération, « Cette affaire illustre les coûts, l’incertitude et les retards que les parties peuvent encourir si une option de recours crédible et efficace existe, mais n’est pas proposée au bon moment ».

La nouvelle consultation de la CMA, sur les derniers détails à régler, doit s’achever le 6 octobre. Brad Smith espère boucler la longue saga du rachat le 18 octobre.