L’Allemagne souhaite obliger les opérateurs du pays à ne plus solliciter Huawei pour équiper leurs réseaux 5G. L’interdiction de collaborer avec le géant chinois des télécoms ne serait pas immédiatement effective, plusieurs scénarios sont à l’étude, dont l’un propose une entrée en vigueur en 2026.

Le gouvernement allemand considère qu’il est trop dépendant de Huawei

Selon les informations de Bloomberg, le ministère allemand de l’Intérieur mènerait une étude afin de savoir à quel niveau ses infrastructures critiques sont dépendantes des technologies chinoises. Pour l’heure, l’audit n’est pas terminé, mais les premières conclusions mettent en évidence une forte dépendance de l’Allemagne à l’égard de Huawei et ZTE. La ministre Nancy Faeser a entamé des échanges avec d’autres ministères impliqués dans l’opération, à l’instar du ministère de l’économie et de la technologie.

Ensemble, ils auraient conçu une feuille de route qui impose progressivement aux opérateurs de ne plus collaborer avec Huawei. Le but est de leur laisser le temps de trouver d’autres fournisseurs, européens ou allemands si possible. Les opérateurs devront réduire la part des composants chinois dans leurs réseaux 5G d’ici le 1er octobre 2026, afin qu’elle atteigne au maximum 25 %.

À l’heure actuelle, Huawei est à l’origine de 59 % des installations télécoms en Allemagne, selon une étude menée par le cabinet de conseil Strand Consult. Pour Reinhard Brandl, porte-parole du groupe parlementaire de l’opposition aux tendances conservatrices, « il est incompréhensible que Nancy Faeser n’ait pas agi plus tôt pour éviter que des composants de Huawei soient présents dans les réseaux mobiles que nous utilisons quotidiennement ».

Un bannissement qui n’est pas du goût de tout le monde en Allemagne

De son côté, la branche allemande de Huawei a publié un communiqué où elle évoque les risques de son éventuel bannissement dans le pays. Elle considère « qu’une telle approche aura un impact négatif sur la transformation numérique en Allemagne, freinera l’innovation et augmentera considérablement les coûts de construction et d’exploitation pour les opérateurs de réseaux, ce qui fera grimper la facture des consommateurs allemands ».

Huawei Allemagne défend sa paroisse coûte que coûte. Toutefois, des acteurs allemands spécialisés dans la télécommunication ont également fait part de leur mécontentement. C’est le cas de Deutsche Telekom. L’entreprise n’est pas forcément contre le bannissement, mais n’est pas satisfaite du potentiel calendrier proposé par le ministère fédéral de l’Intérieur.

L’opérateur considère que la deadline fixée pour 2026 n’est pas réaliste. Il évoque le cas le Royaume-Uni, qui a également décidé de bannir Huawei dans les prochaines années, et qui est déjà en retard. Telefónica, une entreprise de télécoms espagnole présente en Allemagne, envisage de demander des dommages et intérêts au gouvernement allemand, prévoyant même de l’attaquer en justice si les mesures qu’elle prenait ne lui convenaient pas.