Au sein du palais de Justice fédéral Elijah Barrett Prettyman de Washington, une des salles d’audiences était plus que bondée, attisant toutes les curiosités. Le 12 septembre marquait le premier jour du procès entre Google et la section antitrust du département de la Justice américaine devant le tribunal.


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L’ouverture d’un procès historique entre la Justice américaine et Google

Dès 4 heures 30 du matin, une queue s’était formée à l’entrée du palais de justice fédéral, dans le but d’accéder à la salle d’audience numéro 10, celle où allait débuter un procès historique. Quelques heures plus tard, l’ensemble des parties prenantes étaient réunies afin de lancer la première séance, et elles n’ont pas attendu une seconde de plus pour passer à l’offensive.

Très rapidement, Kenneth Dintzer, l’avocat principal du département de la Justice des États-Unis, a pris la parole. Il a mis en lumière les différentes méthodes utilisées par Google pour conserver son monopole. Des sommes d’argent versées à Apple, mais aussi à d’autres géants du numérique, pour rester le moteur de recherche par défaut de leurs navigateurs web ou smartphone, ont été référencées.

L’avocat considère que Google utilise ces accords comme « une arme stratégique puissante, et elle les utilise depuis plus d’une douzaine d’années, sans être inquiétée ». À la suite de cette attaque, Google a immédiatement nié avoir utilisé illégalement des accords pour mettre de côté ses concurrents en matière de moteur de recherche. « Nous avons simplement fourni un produit de qualité supérieure, » précise John E. Schmidtlein l’avocat de la firme de Mountain View, avant d’ajouter que « les utilisateurs avaient tout le loisir de changer facilement de moteur de recherche ».

Les arguments fusent de part et autre : qui saura convaincre le tribunal fédéral ?

Afin de défendre son client, l’avocat du géant technologique a également précisé que « si les consommateurs utilisent Google, c’est parce que cela leur apporte de la valeur, et non parce qu’ils y sont obligés. Les utilisateurs disposent aujourd’hui de plus d’options de recherche et de plus de moyens d’accéder à l’information en ligne que jamais auparavant ». Toutefois, Kenneth Dintzer a répondu à cet argument lors de son discours introductif : qu’importe la pluralité des outils, « si Google fixe les règles, ce sera toujours à son avantage ».

Quelques jours avant le début de cet évènement, grandement attendu par l’écosystème du numérique, le président des affaires mondiales de Google affirmait qu’aux yeux de l’entreprise, « ce procès était profondément bancal ». C’est en 2020 que le département de la Justice américaine avait jugé utile l’ouverture d’une procédure antitrust, estimant que le groupe dirigé par Sundar Pichai abusait de sa position dominante pour écarter ses entreprises rivales, et au centre de la vie des consommateurs.

Au cours des dix prochaines semaines, Google et le département de la Justice des États-Unis présenteront leurs arguments, et interrogeront des dizaines de témoins. Pour le juge Amit P. Mehta du tribunal américain du District de Columbia, l’objectif sera de savoir comment l’entreprise a réussi à obtenir cette place prédominante, et si elle l’utilise pour maintenir et amplifier sa domination.