L’accès des mineurs chinois à internet se complique davantage. L’Administration du cyberespace de Chine (CAC), l’équivalent de l’Arcom en France, a publié, ce 2 août, de nouvelles réglementations pour limiter la surexposition aux écrans des mineurs.

Un mode mineur sur tous les smartphones en Chine

La volonté de contrôle de Pékin sur la vie numérique de ses citoyens n’est pas nouvelle. La digitalisation accélérée de la Chine a permis aux réseaux sociaux locaux, aux jeux vidéo et aux applications de divertissement d’exploser. Mais en contrepartie, l’addiction aux écrans est aussi devenue un problème majeur au sein de l’Empire du Milieu.

En 2019 déjà, afin d’endiguer ce phénomène et promouvoir des comportements plus « vertueux », la CAC avait limité le temps de jeu pour les mineurs à une heure et demie tous les jours de la semaine. Deux ans plus tard, le gouvernement a renforcé cette loi en imposant une nouvelle restriction à trois heures sur toute la semaine. Pour s’assurer du respect de celle-ci, les autorités obligent les utilisateurs à vérifier leur identité sur chaque compte.

Dans un projet de loi de sept pages, la CAC veut davantage freiner et prévenir la dépendance des enfants aux applications et aux smartphones. Pour y parvenir, elle a tout simplement annoncé l’interdiction aux enfants d’accéder à internet entre 22h00 et 6h00. Cette interdiction est liée à un « mode mineur » sur les smartphones que tous les constructeurs devront mettre en place. Les parents pourront y définir des profils pour indiquer l’âge de leurs enfants. L’icône devra être facile d’accès dès l’allumage d’un appareil.

Le mode mineur ne s’arrête pas là et fixe des limites en fonction de l’âge. Les enfants de moins de 8 ans auront le droit à 40 minutes d’internet par jour, ceux entre 8 et 16 ans auront le droit à 1 heure, et 2 heures pour les 16-18 ans. Une fois le temps écoulé, le smartphone devra couper les applications ne garder que celles choisies par les parents. La CAC recommande que les enfants de moins de trois ans accèdent à des chansons ou du contenu audio. Pour les adolescents âgés de 12 à 16 ans, des contenus éducatifs et d’actualité.

Les investisseurs grognent contre ces nouvelles restrictions

Si le smartphone de leur enfant est utilisé pendant plus de 30 minutes consécutives, les parents recevront une alerte sur leur appareil personnel. Au-delà des smartphones, le texte vise une panoplie d’appareils : les montres connectées, les appareils éducatifs, les enceintes connectées et les casques de réalité virtuelle et augmentée. Une question subsiste : comment la CAC va contrôler que les parents appliquent bien leur restriction.

Dans son projet de loi, l’administration a averti les entreprises et les fournisseurs d’accès à internet de ne pas proposer de services qui induisent une dépendance. Si l’un d’entre eux met en avant une application qui pourrait nuire à la santé physique et mentale des enfants, il pourrait être fortement sanctionné.

Bien que ces règles ne soient pas encore adoptées et sont ouvertes à une consultation publique, les marchés financiers ont très mal réagit. Tencent, la maison mère du réseau social le plus utilisé au sein de l’Empire du Milieu, WeChat, a reculé de 3 % à la Bourse de Hong Kong. Le Twitter chinois, Weibo, a quant à lui vu la valeur de ses actions chuter de 5 %. Kuaishou, rival de Douyin, la version chinoise de TikTok, a baissé de 3 %.