Les ambitions américaines dans le secteur des semi-conducteurs risquent d’être mises à mal par le manque de main-d’œuvre. Selon une étude menée par la Semiconductor Industry Association (SIA), le secteur pourrait être confronté à une pénurie d’environ 67 000 travailleurs d’ici à 2030.
Le Chips Act va entraîner la création de nombreux emplois
En août 2022, les États-Unis approuvaient le Chips Act. Son objectif est de booster la production locale de semi-conducteurs en allouant 39 milliards de dollars de subventions sur cinq ans aux entreprises souhaitant produire depuis les États-Unis. Plusieurs projets d’usines sont déjà en cours, avec des géants de l’industrie comme Samsung, Intel et TSMC qui prévoient d’implanter de nouvelles installations dans le pays.
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Ainsi, les fabricants de puces sont en passe de créer environ 115 000 emplois d’ici à 2030. En se basant sur une étude des taux actuels d’obtention de diplômes, la SIA estime qu’environ 58 % des postes prévus pourraient ne pas être pourvus. Cette pénurie concerne les informaticiens, les ingénieurs et les techniciens. En effet, près de la moitié des futurs emplois dans l’industrie des puces seront occupés par des ingénieurs.
« Nous sommes censés passer d’une industrie de 550 milliards de dollars à une industrie de 1 000 milliards de dollars en 2030, et cela nécessitera davantage de talents. Si nous ne sommes pas capables de nous attaquer à ce problème, notre industrie en général vacillera », prévient John Neuffer, directeur général de la SIA.
Ce manque de main d’œuvre se fait d’ores et déjà ressentir. La semaine dernière, TSMC a reporté le début de la production de son usine en Arizona de fin 2024 à 2025 en raison d’une pénurie de travailleurs qualifiés.
Un problème de longue date
Selon la SIA, les Américains ne sont pas assez nombreux à étudier les sciences, l’ingénierie, les mathématiques et les matières liées à la technologie. Dans les universités américaines, plus de 50 % des titulaires d’une maîtrise en ingénierie et 60 % des titulaires d’un doctorat en ingénierie sont des ressortissants d’autres pays. Environ 80 % de ces titulaires de maîtrise et 25 % de ceux qui obtiennent un doctorat quittent les États-Unis, soit par choix, soit parce que la politique d’immigration ne leur permet pas de rester.
Dans ce contexte, l’association affirme que l’effort doit venir de Washington avec un changement sur la politique migratoire. Objectif : garder les talents étrangers formés dans les universités du pays.
John Neuffer estime que l’étude de son association met au jour un problème qui touche les États-Unis depuis longtemps. « Mais avec la loi CHIPS en particulier, et l’évolution de l’histoire vers une plus grande fabrication sur le territoire américain, ce problème aigu a été mis en évidence », assure-t-il.