« La voix de l’industrie des semi-conducteurs », c’est ainsi que se présente la Semiconductor Industry Association (SIA), qui représente 99 % du secteur aux États-Unis en termes de chiffre d’affaires. Dans un communiqué concis et sans détour, publié le 17 juillet, elle demande à Washington de réfléchir avant de mettre en place de nouvelles restrictions à l’export vers la Chine.
La SIA a le sens du timing
« Nous exhortons l’administration à s’abstenir de nouvelles restrictions jusqu’à ce qu’elle s’engage plus largement avec l’industrie et les experts pour évaluer l’impact des restrictions actuelles et potentielles », écrit la SIA dans son message. Si l’organisation affiche sa reconnaissance pour le Chips and Science Act, un programme de subvention « historique » à l’industrie, elle estime que « permettre à l’industrie d’avoir un accès continu au marché chinois, le plus grand marché commercial mondial pour les semi-conducteurs de base, est important pour éviter de saper l’impact positif de cet effort ».
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Le moment choisi pour cette prise de position ne doit rien au hasard. Depuis plusieurs semaines maintenant, les médias Outre-Atlantique relaient des confidences pronostiquant l’arrivée prochaine de nouvelles mesures visant à limiter l’accès de la Chine aux puces américaines.
Le jour de la publication du communiqué de la SIA, Bloomberg et d’autres révélaient que plusieurs dirigeants de l’industrie, dont le PDG d’Intel Pat Gelsinger, le PDG de Qualcomm Cristiano Amon et Jen Hsun Huang de Nvidia, doivent se rendre à Washington dans la semaine. Un voyage qui aurait justement pour but de discuter avec l’administration de ces futures restrictions.
Ces mesures auraient le même objectif que les précédentes, prises en octobre : entraver les progrès technologiques chinois, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle. À l’automne dernier, l’administration Biden a soumis à licences l’export vers la Chine des puces les plus avancées, mais aussi des machines pour les fabriquer, de propriété intellectuelle d’autres.
Pour continuer à bénéficier du large marché chinois, Nvidia, leader des puces pour l’IA, avait réagi en bridant ses puces les plus performantes. Intel a récemment imité son concurrent. De son côté, Qualcomm bénéficie de licence d’exportation pour continuer à commercer avec des entreprises comme Huawei ou Xiaomi. C’est, entre autres, à ces activités que pourrait s’en prendre Washington.
Les semi-conducteurs au cœur de la rivalité sino-américaine
La SIA regrette que « des mesures répétées visant à imposer des restrictions trop larges, ambiguës et parfois unilatérales risquent de diminuer la compétitivité de l’industrie américaine des semi-conducteurs, de perturber les chaînes d’approvisionnement, de provoquer une incertitude importante sur le marché ».
L’association pointe également le risque d’escalade avec la Chine. Dans ce qui s’apparente à des mesures de rétorsion, Pékin a interdit à ses entreprises sensibles de se fournir en puces mémoire de l’américain Micron et va prochainement restreindre l’accès au Gallium, un métal utilisé dans la fabrication de certains semi-conducteurs.