Ele.me d’Alibaba a signé, le jeudi 13 juillet, des contrats collectifs sur les salaires et la sécurité au travail avec ses livreurs. La veille, Li Qiang, Premier ministre chinois, s’est réuni avec les géants d’internet les exhortant à soutenir l’économie chinoise durant une période de chômage inédite. Ele.me devient la première plateforme de livraison en Chine à développer les avantages sociaux de ses coursiers.

Alibaba collabore avec le gouvernement chinois pour redresser l’économie du pays

Traduit en français par « Tu as faim ? », la plateforme chinoise Ele.me a réuni 175 délégués professionnels à Shanghai pour approuver et signer une convention collective. Selon Reuters, trois contrats spécifiques ont été signés, en présence du seul syndicat autorisé en Chine, couvrant des questions de salaire, de santé et de sécurité au travail. 3 millions de travailleurs de la plateforme sont concernés, dans 11 000 stations de livraison en Chine.

Parmi ces nouvelles règles, les frais de livraison de base doivent désormais être liés à des facteurs d’inflation, de distance et météorologiques. Le casque intelligent dévoilé en novembre dernier par la plateforme pour améliorer la sécurité et l’efficacité sera déployé plus largement. Ele.me est également tenu d’améliorer les canaux de communication avec les coursiers de livraison. De quoi inspirer Meituan, son concurrent et leader du marché, qui pourrait être amené à suivre.

Tout comme dans le reste du monde avec l’ubérisation de l’emploi, le droit du travail des livreurs chinois est devenu une réelle problématique sociale ces dernières années. Ne détenant pas de contrat à durée déterminée, ils sont appelés les “travailleurs flexibles” et œuvrent pour plusieurs plateformes à la fois. Ils sont 200 millions et ne sont pas couverts par la sécurité sociale.

Par ailleurs, le taux de chômage est au plus haut en Chine. Selon le bureau national des statistiques, un jeune sur cinq (entre 16 et 24 ans) était sans emploi en mai dernier. Du jamais vu depuis 2018. Sur le marché du travail, la plupart des emplois correspondent à du travail peu ou non qualifié qui n’intéresse pas initialement les jeunes diplômés. Par défaut, ces derniers semblent préférer livrer des repas plutôt que de travailler à l’usine.

La Chine, qui menait jusqu’ici une répression contre les grandes entreprises technologiques depuis fin 2020, a finalement mis fin à cette guerre du numérique. Pour relancer et stabiliser l’économie, le gouvernement chinois change son fusil d’épaule et mise à nouveau sur ses géants d’internet.

Durant la réunion du 12 juillet, Li Qiang a encouragé les gouvernements locaux à fournir davantage de soutien aux entreprises d’internet les qualifiant de “pionniers de l’époque” tout en poussant les entreprises à soutenir l’économie par l’innovation. Il appelle à une réglementation de ces entreprises plus transparente et prévisible.