La Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), l’organe consultatif suprême du pays, a organisé un vaste symposium sur le secteur numérique local le 17 mai. Il s’agit de la dernière démonstration en date d’un allégement de la pression réglementaire sur les grandes entreprises technologiques chinoises.

Il est temps de souffler pour le numérique chinois

Depuis 18 mois, près de deux ans, Pékin a décidé de remettre au pas ses géants du numérique. Cette répression s’est traduite par de nombreuses réglementations allant de l’antitrust à la sécurité des données et des enquêtes encore plus nombreuses sur les acteurs du secteur.

Depuis la donne semble progressivement changer. Lors d’un Politburo en avril, le président Xi Jinping a promis de soutenir un développement sain de l’économie des plateformes. Un message repris par son bras droit et vice-premier ministre Liu He le 17 mai.

Ce dernier a également annoncé qu’il soutiendrait l’introduction en Bourse des entreprises technologiques sur les marchés chinois et étrangers. Un changement de cap par rapport à de précédentes mesures, mais déjà perceptible dernièrement. Wang Yang, quatrième personnage du Parti communiste chinois (PCC), a également indiqué que le gouvernement renforcerait la confiance dans le numérique et stimulerait son développement.

Aucune mesure précise n’a été mentionnée à l’occasion du symposium, ce qui n’enlève pas la force du symbole. Le South China Morning Post, propriété d’Alibaba, indique que la large couverture médiatique de l’événement par les médias officiels incite à l’optimisme. Le journal officiel du CCPPC titrait à l’issue de la rencontre « Saisir fermement le printemps du développement de l’économie numérique ».

Linghao Bao, analyste technologique chez Trivium China, a déclaré à CNBC, « Je pense que les grandes entreprises technologiques bénéficieront d’une période de grâce pendant peut-être les six prochains mois ».

Le jour même, avant l’issue du rendez-vous, la banque d’investissement JPMorgan a relevé les notes des principaux acteurs de l’économie numérique en Chine, Tencent, Alibaba, Meituan, NetEase et Pinduoduo. En mars, la même banque jugeait les valeurs chinoises non investissant pour les 6 à 12 prochains mois.

Cette volte-face est justifiée par un pari sur l’atténuation de l’incertitude réglementaire. Un pari justifié par les prises de position récentes de Pékin. Ce changement d’attitude du pouvoir chinois tient à la situation de son économie.

Attention, Pékin n’accorde qu’un statu quo temporaire

La politique zéro-Covid de Xi Jinping, Shanghai est confiné depuis fin mars, Pékin fait tout pour l’éviter, martyrise l’économie du pays. En relâchant la pression sur le secteur numérique, l’objectif est de le laisser soutenir la situation. Cela leur permet également de s’adapter plus efficacement aux sanctions économiques américaines.

Linghao Bao prévient cependant que, sur la répression, « les perspectives à long terme n’ont pas encore changé » . Il explique « que Pékin est déjà arrivé à la conclusion que c’est une mauvaise idée de laisser les grandes entreprises technologiques se déchaîner parce que cela crée une concurrence déloyale sur le marché… ». La pause réglementaire, si elle se confirme, ne serait donc que temporaire.